samedi 5 septembre 2009

2100 "Créer des monnaies régionales pour traiter la crise globale" Compte-Rendu de la Rencontre sur l'Utopie N°32


 
Le compte rendu de la "Rencontre sur l'utopie N°32" organisée le 13 mai dernier et qui avait pour thème : "Créer des monnaies régionales pour traiter la crise globale" 
 Cette rencontre était organisée conjointement avec l'Ecole de Paris du Management et l'IRE (Initiative Internationale pour Repenser l'Economie).
Ce compte-Rendu a été préparé par l'Ecole de Paris du Management et est disponible sr demande : mail : nathalie-deschamps@wanadoo.fr
 
 Cette réunion était organisée autour de M. Bernard LIETAER : Research Fellow à l'Université de Californie à Berkeley, ex-haut fonctionnaire de la Banque Nationale de Belgique, architecte monétaire qui a contribué à la création de l'ECU (le mécanisme de convergence vers l'Euro), auteur du livre récemment sorti à Paris : « monnaies régionales : Des Nouvelles Voies vers une Prospérité Durable ». Plus de renseignements sur : www.lietaer.com.
 
Présentation de la conférence de Bernard LIETAER :
La crise bancaire et financière fait la une des médias depuis des mois. Pourquoi est-elle plus grave que les précédentes? Quelle en est l'origine systémique? Pourquoi les solutions conventionnelles (baisser les taux d'intérêts, renflouer les banques, relance Keynesienne) ne suffiront-elles pas ?
De plus, nous savons qu'elle coïncide avec d'autres défis planétaires sans précédents comme le changement de climat, les effets économiques du vieillissement des populations, et la mutation technologique qui découple la croissance avec l'emploi.
Quelles innovations monétaires sont disponibles dès aujourd'hui pour structurellement résoudre ces défis, et changer cette crise en une opportunité ?
Que peuvent faire les états, les entreprises, et les citoyens eux-mêmes, pour éviter d'être entraînés dans la débâcle bancaire ? Voici les questions qui ont été traitées pendant cette soirée.


Extraits :

"Je compare tout cela à l'aéronautique des frères Wright : on avait montré au début du XXe siècle que voler devenait 
possible. On sait désormais qu'il est possible d'avoir des monnaies complémentaires. Il faut 
maintenant les organiser correctement et à une échelle où elles peuvent faire une différence.  

 

De ce point de vue, je peux vous citer de très nombreuses expériences extrêmement 
intéressantes et prometteuses. Le Time dollar, par exemple, s'appuie sur des échanges de 
services basés sur une comptabilité de débits et de crédits exprimés en heures entre individus. 
L'heure totalisant 60 minutes dans la plupart des pays du monde, les risques d'inflation sont 
nuls… Il existe aujourd'hui environ 400 réseaux Time dollars dans le monde.  

 

Des monnaies pour lutter contre l'isolement 
 
Au Japon, une expérience de monnaie complémentaire permet de réduire le problème 
financier posé par le vieillissement de la population, l'un des défis majeurs de l'humanité 
pour la prochaine décennie. Près de 20 % de la population japonaise a plus de 65 ans et 1,8 
million de personnes ont besoin d'une aide journalière. Il s'agit d'un problème impossible à 
gérer durablement dans le cadre d'un monopole monétaire conventionnel… Dans le système 
japonais Fureai Kippu, mis en place par Tsutomo Hotta, la monnaie complémentaire permet 
de financer toute aide qui n'est pas couverte par l'assurance maladie : l'aide à domicile, 
l'accompagnement, le soutien moral, les achats, la préparation de nourriture, etc. Lorsque je 
rends un service à une personne âgée dans mon quartier, je suis crédité du temps dépensé sur 
un compte épargne électronique. Je peux l'utiliser pour rémunérer quelqu'un qui viendra 
m'aider le jour où je serai malade, ou bien le transférer à ma mère, pour qu'elle rémunère un 
membre du réseau installé dans sa région en échange de son aide. Il y a 487 systèmes de ce 
type au Japon, qui viennent en aide à des centaines de milliers de personnes. On peut 
également citer le réseau de Yamato Love (LOcal Value Exchange) initié par la mairie de la 
ville de Yamato qui compte 700 000 habitants. Un tiers des habitants utilisent ce système de 
monnaie complémentaire, chacun créant son propre sous-système à partir d'une carte à puce 
qui permet de comptabiliser et d'effectuer les échanges. On peut parler aussi d'Ithaca Hours1, 
une monnaie locale créée en 1997 à Ithaca, dans l'État de New York, ou encore du réseau 
allemand Regio (RegioNetzwerk) dont 28 systèmes locaux sont déjà opérationnels, et 35 
autres en formation. Le plus connu est le Chiemgauer2 qui fonctionne dans le Sud de la 
Bavière. En France, enfin, le système SOL s'appuie sur une carte à puce du type de celle qui 
existe à Yamato. Ce système porte trois types de monnaies : une monnaie interentreprises (le 
SOL Coopération) dont l'unité est équivalente à l'euro ; une monnaie sociale (le SOL 
Engagement) dont l'unité est le temps, comme pour le Time dollar ; et enfin une monnaie 
sociale affectée en euros sur le modèle des "chèques-repas". 

 

Passer à la vitesse supérieure 

 

Des projets plus ambitieux sont en train de voir le jour. Sept villes européennes, dont Dublin, 
Bristol, Bremen et Bruxelles, devraient lancer l'hiver prochain un projet Interreg dont le but 
est la création d'une monnaie favorisant la réduction carbone. Le principe est très simple : 
lorsque vous achetez une ampoule basse consommation par exemple, vous recevez un certain 
nombre de points. Ces points sont utilisables pour acquérir d'autres biens "verts" qui 
participent à la réduction des gaz à effet de serre. Vous pouvez par exemple les utiliser pour 
payer votre facture d'électricité "verte". Cette monnaie affectée donne une direction à 
l'économie elle-même à travers le consommateur. C'est beaucoup plus efficace que les 
systèmes de subsides conventionnels. En Californie par exemple, vous recevez 2 000 dollars 
si vous achetez une voiture hybride, mais rien ne vous empêche d'utiliser cette somme pour 
acheter un billet d'avion pour Hawaï, qui réduira à néant l'effort écologique consenti lors de 
l'achat de votre véhicule. 

 

"

Prospective 21OO
 
 

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