jeudi 7 avril 2011

GASLAND | Pas de Gaz de Schistes Hérault

GASLAND

Conférence-débat « Quel avenir sans pétrole » 21 avril 2011

Conférence-débat « Quel avenir sans pétrole »
21 avril 2011 / Paris 17e

Conférence-débat sur des alternatives et capacités à surmonter les crises à venir avec Benoît THÉVARD, Ingénieur en génie énergétique

La fin prochaine du pétrole bon marché est une perspective de plus en plus admise, mais encore trop peu prise en compte dans les réflexions de société. Le réseau IDF pour les initiatives en transition organise cette confé-rence à la suite de la projection-débat du film documentaire « La Fin des Banlieues » (Gregory Greene, 2004) évoquant ce « pic pétrolier » et ses conséquences sur le mode de vie en zone périurbaine. Nous souhaitons mieux comprendre les réalités et les enjeux, pour réfléchir sur les pistes de sortie « par le haut », à construire ensemble.

Benoît Thévard est Ingénieur Conseil en énergie et résilience des territoires, et mène des activités de préparation de l’après pétrole, de « Bilan Résilience territorial », de conseil en énergies renouvelables, de conférences et de sensibilisation. Il est créateur et animateur du blog « Un avenir sans pétrole? » et du site « Pédagogie pour un Avenir sans Pétrole ».

  • Date : Jeudi 21 avril 2011
  • Heure : 19h30
  • Lieu: « La Plèbe »- 123 rue de Tocqueville 75017 Paris
  • Comment s’y rendre:
    Métro : Pte de Clichy, Villiers <10 mn de marche>
    Bus : 53, 31
    RER C : Pereire-Levallois (+navette rue ampère, arrêt « Pte d’Asnières »)
    En train, à partir de Saint-Lazare : Pont Cardine
  • Organisé par TRANSITION PARIS-ILE-DE-FRANCE - Réseau de soutien aux initiatives de transition à Paris et en Île-de-France
    avec le soutien de
    l’association d’éducation populaire LA PLEBE.
  • Merci d’apporter de quoi partager une petite collation conviviale, avec un verre!

Votre équipe d'organisation

--
Réseau de soutien aux initiatives de Transition
à Paris et en Île-de-France

Email : transition.parisIDF(AT)gmail.com
Site http://transition-parisidf.ouvaton.org/

Transition en IdF samedi 9 avril 2011

Soirée

« Faire grandir le mouvement de la transition en Ile de France »

Samedi 9 avril, de 18h à 21h

à Paris, dans le 18e arrondissement


La soirée où toutes les pistes pour faire grandir le mouvement de la transition en Ile de France sont les bienvenues :

Retours d’expérience entre initiatives, capitalisation de connaissances sur la manière de traiter nos problématiques, réalisation d’un documentaire sur le mouvement ville en transition, organisation de rencontres régionales d’initiation à la transition…

Le format de la soirée : le lancement convivial d’un forum ouvert* dont les ateliers ont lieu entre les réunions

  • Un tour de table sur les avancées et les attentes de chacun. (Identification de nos problématiques prioritaires)
  • La place du marché : ceux qui souhaitent avancer sur un sujet le proposent au groupe.
  • Inscription aux groupes qui vont avancer sur ces sujets / Discussions en petits groupes thématiques/ Apéro convivial

Pour plus d’information sur le déroulé de la soirée, n’hésitez pas à consulter la page dédiée sur le réseau social Wiser Earth. http://fr.wiserearth.org/group/IDFeT_ProchainePleniere


*pour plus d’information sur le forum ouvert ou « open space technologie», vous pouvez consulter ce mind mapping :http://www.forumouvert.facilitation.fr/

Qui est invité ?

Tout citoyen souhaitant faire grandir le mouvement ville en transition en Île de France et étant déjà familiarisé avec le mouvement. En effet, il n’y aura ni sensibilisation ni formation lors de cette soirée. Par contre nous apprendrons beaucoup par retours d’expériences en petits groupes d’actifs du mouvement.


Vous pensez que cette soirée est faite pour vous? Inscrivez vous en remplissant le bulletin d'inscription suivanthttps://spreadsheets.google.com/viewform?formkey=dEM0NUFydVNVbjBkTjd4RVhQNk1MbXc6MQ


Infos pratiques, en bref


Au plaisir de vous y (re)voir !

Thomas, Laura, Corinne, Gilles, Charles...

Rencontres Relier : « Eco Habiter solidaire en milieu rural » - APEAS


Rencontres Relier : « Eco Habiter solidaire en milieu rural »

Dans le cadre d'un cycle de rencontres sur l'habitat rural, RELIER (Réseau d'Echange et de Liaison des Initiatives en Espace Rural) vous convie à un moment d'échanges de pratiques. Ces rencontres sont imaginées comme des mises en chantier d'une problématique, l'occasion de construire d'autres pistes, de tisser des liens...

RELIER, le Pays Nivernais Morvan et la Région Bourgogne ont engagé des réflexions sur l'habitat et le bâti : l'habitat identifié comme problème crucial pour ceux qui souhaitent s'installer et vivre à la campagne, mais aussi comme un gisement d'activités.

Ces temps d'échange et de rencontre sont en résonance avec d'autres travaux de RELIER sur les alternatives de financement pour un habitat écologique et solidaire, l'urbanisme participatif et créatif, l'accompagnement des projets d'éco habitat groupé et l'habitat choisi.

Lieu des rencontres

En Bourgogne au centre de recherche archéologique de Glux en Glenne, en partenariat avec le Pays Nivernais Morvan et la Région Bourgogne dans le cadre du programme « Habitat rural en Massif Central » porté par RELIER et soutenu par la DATAR Massif Central, le FEDER et les régions Auvergne, Rhône-Alpes, Bourgogne, Limousin, et Midi Pyrénées.

Le contexte

Les territoires ruraux sont en pleine évolution et rencontrent de nombreux défis à relever. Se loger dans les territoires ruraux est devenu très difficile pour les nouveaux arrivants, les créateurs d'activités, les personnes en difficultés. Le coût d'un achat dépasse largement les capacités financières de ces personnes. L'offre de logements locatifs est très faible et leur coût élevé, de part la présence importante de résidences secondaires, de gîtes et des propositions de logements sociaux réduites ou inexistantes. Dans ce contexte, collectivités et habitants inventent des solutions sans qu'il n'y ait de projets collectifs et solidaires ou de lien social pour permettre à chacun d'accéder à un logement. Ainsi chaque année des porteurs de projet quittent le territoire faute de logement, et les personnes en situation de fragilité économique et sociale passent une bonne part de leur énergie à la recherche de leur habitat.

Ce cycle de rencontres a été initié suite aux travaux de chercheurs, d'associations, de collectivités locales qui ont mis en évidence la difficulté de l'accès à un logement et la nécessité d'une prise en compte politique de l'habitat en Massif Central.

En complément des différentes thématiques abordées lors de rencontres précédentes (sens de habiter, démarches collectives, écologie, création d'activité, rôle des élus) et des pistes de travail dégagées (financement solidaire, habitat groupé, auto construction), il a été souhaité avec le Pays Nivernais Morvan et la Région Bourgogne de poser quelques questions transversales permettant de mettre en lumière des solutions innovantes pour mieux habiter nos espaces ruraux :

  • Quels besoins en logement pour le maintien des jeunes dans le tissu social rural, pour favoriser la mixité sociale, générationnelle ?
  • Quels sont les outils financiers publics, privés, publics/privés, solidaires existants ?
  • Quel accompagnement pour les projets d'habitat groupé écologique à loyer modéré en milieu rural et ses limites ?
  • Comment attirer des investisseurs pour du logement dans les bourgs-centres ?
  • Comment développer des logements à loyer modéré et de haute qualité environnementale en prenant en compte les filières courtes, la participation des habitants et l'implication des bailleurs ?

Déroulement des rencontres

Ces rencontres se dérouleront en 4 temps principaux (tables rondes, analyse d'expériences, ateliers et échanges conviviaux dans les moments informels) :

Première journée : 7 avril 2011

  • 9h – 10h Accueil, Inscription, Photos, Présentation
  • 10h – 13h Table ronde : présentation du cadre actuel des politiques de l'habitat, de leur limites et de la spécificité des espaces ruraux.
  • 13h - 14h30 Déjeuner
  • 14h30 - 16h Ateliers de travail
  • 17h – 19h30 Témoignages d'expériences, projection-débat
  • 20h30 Dîner et soirée conviviale

Seconde journée : 8 avril 2011

  • 9h - 12h30 Ateliers de travail
  • 12h30 - 14h Déjeuner
  • 14h – 15h Restitution des ateliers
  • 15h – 17h Plénière de clôture : Débat et pistes d'actions

Table ronde d'ouverture

Accueil par Jacques Simonot – Maire de Sermages et Vice Président du Pays Nivernais Morvan « Accés à l'habitat, Expériences alternatives et pouvoirs publics »
Marc Uhry – Fondation Abbé Pierre
Jean Claude Bontron - (géographie) sur les problématiques de l'habitat dans les différents espaces ruraux.

Ateliers définis à l'issue des réunions de préparation

  • Atelier 1 : Quelles interventions publiques pour l'habitat à loyer modéré en milieu rural ? Avantages, inconvénients, limites. Comment repérer les besoins du territoire et des habitants ? Quelles interventions des collectivités ? Quelle place de l'habitat social dans les territoires ruraux ? Quelle gestion locative ?

Témoignages pressentis : Mairie de Beaumont et ses logements sociaux modulables, Villages avenir avec la communauté de communes du Sud Morvan, Région Bourgogne, Bailleurs sociaux (Habitat et développement), Pays Tonnerois

Animation : RELIER

  • Atelier 2 : Quels types d'investisseurs publics, privés, mixtes, pour accéder à un habitat ? Existe-t-il des outils de finances solidaires sur nos territoires qui permettent d'investir dans de l'habitat écologique et solidaire ? Quels sont ces outils s'ils existent ? Sinon quels sont ceux à inventer ?

Témoignages pressentis : Terre de liens, Habicoop, Habitat et Humanisme, La Nef, SCIC Habitats solidaires.

Animation : RELIER

  • Atelier 3 : Quelle approche de l'urbanisme en milieu rural ? Quelle maîtrise de la gestion foncière ? Comment appréhender l'étalement / la densité de l'habitat ?Quels documents d'urbanisme ? Pour quelle territorialité ? Quel accompagnement pour les communes rurales ? Quelle est la place des différents acteurs ? Comment mobiliser les communes et propriétaires sur les logements vacants ?

Témoignages pressentis : PNR Morvan et son PIAGE (Plan Intercommunal d'Aménagement et de Gestion de l'Espace), DREAL, CAUE 58, Terre de liens Bourgogne-Franche Comté, communauté de communes des Monts du Pilat.

Animation : Région Bourgogne

  • Atelier 4 : Comment développer des filières courtes et écologiques autour d'un habitat durable et digne ? Comment développer ces filières courtes pour dynamiser l'économie locale ? Comment organiser l'évolution des savoir-faire face à l'utilisation de nouveaux matériaux ? Quelles offres de formation pour répondre à ces enjeux ?

Témoignages pressentis : Chênelet Construction, Ecodomaine des Gilats, ARTHEMA, Construire en chanvre, DIREN.

Animation : RELIER

  • Atelier 5 : Population jeune, population âgée : habitat dédié ou habitat intergénérationnel ? Quels sont les facteurs décisifs dans le choix d'un habitat dédié ou intergénérationnel ? Quelles sont les conditions de réussite pour un projet de logement intergénérationnel ?

Témoignages pressentis : Toits etc-, Hameaux durables en Cévennes, Association pour la Promotion de l'Ecohabitat sur le Plateau de Millevaches.

Animation : Pays Nivernais Morvan.

Plénière de clôture

Christian Paul – Vice Président de la Région Bourgogne Animation : Xavier Lucien du réseau des CREFAD -Centre de Recherche d'Etude et de Formation à l'Animation et au Développement-

Et aussi ...

Projections de « Un Monde pour soi » (PNR Morvan) et « Portraits de lieux en vie » (RELIER)

Soirée conviviale autour d'animations artistiques et culturelles jeudi soir (animation musicale à partir d'enregistrements des échanges de la journée / jeux coopératifs).

Contact : RELIER – 2 rue Michelet – 12400 St Affrique
05 65 49 58 67
rencontres@reseau-relier.org



Fwd: Serres: "Nous sommes à la fin d'une ère" - Infos - GNY / le jdd.fr - SFEN VdL



Serres: "Nous sommes à la fin d'une ère"

http://www.lejdd.fr/International/Actualite/Michel-Serres-293539/?sitemapnews

On note la prise de position pour le nucléaire (EG)

Ce Gascon de 80 ans est incroyable. Célèbre au Japon avant d'être connu en France, professeur à Stanford en Californie et académicien, il promène sur le monde son regard d'éternel jeune homme. À contre-courant. Comme le Sphinx, qui avait sa question fétiche pour ses visiteurs ("Quel est l'animal qui marche à quatre, puis deux puis trois pattes?"), le malicieux Michel Serres a la sienne: "Quel est l'événement le plus important du XXe siècle?" Le Sphinx s'était jeté de la falaise après la bonne réponse d'Œdipe. Michel Serres, à ce jour, n'est tombé sur personne qui trouve "sa" bonne réponse*. Heureusement! Et puis au lieu de dévorer les ignorants de passage, comme le faisait l'animal grec, notre animal gascon les instruits. Enfin, il tente, le bougre…


Le Japon donne un spectacle de fin du monde. . . Est-elle pour bientôt?
Il y a déjà eu cinq grandes catastrophes, il y a des millions d'années, qui ont éradiqué entre 90 et 95% du vivant. Elles étaient consécutives à des chutes de météorites ou à des volcans. Nous sommes certainement nés d'une de celles-là. La Terre elle-même est née comme cela, de plusieurs météorites qui ont choqué! Notre planète est à la fois une catastrophe et une naissance. Des séismes comme celui du Japon, il y en a déjà eu beaucoup. Ce n'est donc pas la sixième fin du monde…

Vous avez déclaré que "tout écologiste sérieux devrait être pour le nucléaire"... Maintenez vous la formule?
Je ne sais pas trop. La question n'est pas simple et elle est double. Il y a d'abord la question de l'énergie. Il y a aussi l'urgence de limiter les émissions de monoxyde de carbone. Pour le moment, l'énergie nucléaire est la plus propre.

Tant qu'il n'y a pas d'accident!
Il y aura un avant et un après Fukushima, c'est un événement mondial. Une catastrophe mondiale. Une catastrophe au sens littéral du mot, le "bord", une "coupure"… Mais à mon sens, il faut faire attention à la réaction à chaud. Merkel a arrêté les centrales nucléaires allemandes, mais elle a besoin des voix des Verts. C'est une réaction politique. Si demain matin il y a un débat sur le nucléaire, ce sera un bouc émissaire évident… Moi, je veux bien: je ne prends plus ma voiture quand je suis à Paris, je marche à pied. Il m'arrive de marcher quatre heures pour aller travailler. Je suis à une heure et demie de Bruxelles, j'y étais la semaine dernière et je ne le dis même pas à ma femme, c'est comme aller à la Défense. Lyon est à deux heures et Londres à deux heures et demie. En fait, j'habite "Palobru", Paris, Londres et Bruxelles à la fois. Grâce à quoi? À des dépenses d'énergie colossales! Quand mon grand-père est allé à San Francisco, il a mis six mois en goélette par le cap Horn. J'y vais deux fois par an, en douze heures d'avion. Si on voulait pédaler sur un vélo pour recharger son téléphone portable, il faudrait pédaler deux jours et demi! Voilà le débat qu'il faut poser. Pour le moment, on n'a pas de solution de rechange au nucléaire. On peut tout arrêter, mais on revient à la bougie…

Qu'est-ce que ça serait une société sans énergie?
Une société du Moyen Âge. Les éoliennes, ce sont les moulins à vent du Moyen Âge. L'énergie, la machine à vapeur, c'est justement la société industrielle du XIXe siècle. Comment faire une société où l'on dépense moins d'énergie? Pour venir jusqu'à chez moi à scooter, vous avez dépensé du pétrole et vous avez émis du CO2. Vous avez mangé chaud à midi, vous mangerez chaud ce soir. Votre alimentation vient d'Afrique du Sud, du Maroc… Ce débat-là met en question la totalité de nos conduites et de nos comportements.

Comment vit-on avec un potentiel de catastrophe aussi "certain"? C'est effrayant...
Il y a des catastrophes bien plus effrayantes dans l'histoire de l'humanité. À la fin de l'Empire romain, il y a une chute démographique telle qu'il faut attendre le XVIIe siècle pour retrouver le même niveau de population en Europe. On ne sait pas pourquoi la natalité a baissé à ce point. Il y a eu des effondrements de population gigantesques : on pense maintenant qu'au début du néolitihique, quand nos ancêtres se mettent à élever des moutons, il y a 12.000 ans environ, le passage des bactéries animales à l'homme a fait des dégâts considérables. Ce n'est pas étonnant que les grands textes de l'humanité commencent presque tous par un déluge. Il y a un déluge chez les hindous, chez les Égyptiens, chez les juifs, chez les Grecs… Ce qui prouve que nous sommes les enfants d'une catastrophe de ce genre. Nous sortons d'une période, depuis le début du XIXe où la Terre a été étonnament calme. On pense même aujourd'hui que la révolution industrielle et les progrès en Occident ont été possibles pendant une sorte de période d'assoupissement de la Terre. Et là, elle se réveille. Depuis que l'échelle de Richter a été créée, dans les années 1935, il n'y avait pas eu de 9. C'était le premier. On sait aussi qu'il y aura trois "Big One". Un sur la faille de San Andreas, en Californie. Un deuxième du côté d'Istanbul, et puis un troisième au Japon, où trois plaques s'emmêlent. On se sait pas quand…

Comment expliquez-vous le grand calme des Japonais?
Ils ont l'habitude du tremblement de terre… Et une grande sagesse. Au Japon, cela tremble tout le temps. Je me souviens d'un tremblement de terre au milieu de la gare. Cela dure longtemps. Personne ne bouge. Une autre fois, au théâtre. L'acteur a marqué une pause un instant et a continué. Les Japonais ont une culture du séisme. La première fois que j'y suis allé, j'avais apporté un panier de fraises. Mes amis japonais avaient commencé par manger les meilleures. Cela m'avait étonné. Ils m'avaient dit "au cas où"… On peut toujours mourir. Dans leur quotidien, ils n'ont pas la même conduite que nous. La mort est chez eux une compagne invisible. Cela forme un groupe, des individus très différents.

Très différents de nous, Français?
Nous, ici, en France, on ne risque jamais rien! On est le seul pays du monde à zéro risque! Dans le dictionnaire des risques, il n'y a pas la France. Je dis souvent, on n'a pas le droit de dire qu'il fait chaud tant qu'on n'a pas été à Bamako. On n'a pas le droit de dire qu'il pleut tant qu'on n'a pas été en Équateur. On n'a pas le droit de dire qu'il fait froid tant qu'on n'a pas été au Labrador l'hiver, et on n'a pas le droit de dire qu'il neige tant qu'on a pas été à Buffalo, sur les Grands Lacs… La France est un pays exceptionnel! Exceptionnel au niveau du climat, entre le pôle et l'équateur. On a les meilleurs fromages, les meilleurs vins, une agriculture formidable. Alors forcément, dès qu'il arrive une catastrophe quelque part, vu d'ici, c'est la fin du monde ! On est à l'inverse des Japonais. Comme on ne risque rien, on s'affole de tout!

Vous ne pensez pas que nous vivons une parenthèse? Que douze heures pour faire Paris- San Francisco, cela ne va pas durer éternellement?
Oui. Cela ne peut pas durer. On est en train de griller toute l'énergie de la planète. Il n'y a pas de doute. Dans un grand magasin américain, la moyenne de provenance des produits est de 10.000 km. Le volume des déchets sur terre a atteint le volume de l'érosion naturelle. Cela ne peut pas durer très longtemps. Ce n'est pas la fin du monde, c'est la fin d'une ère. On termine une ère. C'est une période de l'humanité qui s'achève.

Vous avez écrit qu'on est entré en néolithique 2...
Oui, depuis quelques années seulement, moins de 3% des Français sont des paysans. Ils étaient plus de 75% au début du XXe. Il y a aussi d'autres facteurs de changement d'ère, comme la généralisation de la péridurale, par exemple. Aujourd'hui, les femmes accouchent à 92 % sans douleur. Autrefois, jusqu'à 40% des femmes mouraient en couches, c'était terrifiant. L'espérance de vie des femmes était de 30 ans en 1850, elle est de plus de 80 aujourd'hui. Cela aussi, ça change tout. Quand elles se mariaient à 20 ans, elles juraient fidélité pour dix ans… pas pour les soixante ans d'aujourd'hui. Quand mon père est parti à la guerre de 1914, il donnait une dizaine d'années de vie à son pays ; aujourd'hui, un jeune de 20 ans, on lui demande de donner soixante ans de vie! En quelques années à peine, le rapport à la nature, à la naissance, à la vie, à la mort, à l'accouchement, tout a changé. Sauf les institutions de l'ancien monde. On ne vit plus dans le même espace. Regardez le Japon, le fait que l'on soit au courant, en temps réel, et de façon extrêmement précise de ce qui se passe à Fukushima, qui est au bout de mon jardin, cela aussi cela change tout. On est tous devenu voisins.

* Pour Michel Serres, l'événement le plus important du XXe siècle est "la fin de l'agriculture".

Laurent Valdiguié - Le Journal du Dimanche

Samedi 02 Avril 2011