mardi 26 avril 2011

“Taking the Lead”

Dear Friends and Contacts, 

My associates and I have two Mythodrama Project programmes coming up which I thought some of you might like to know about. 

The first programme, "Taking the Lead", is running in London on weekends from April to June 2011. Designed for Enterprising Leaders, Aspiring Change Makers and Entrepreneurs it will provide a unique opportunity for individuals to substantially increase their confidence and performance as leaders and communicators. This programme is designed specifically for those who cannot draw on a corporate size training budget right now but who want to step up in their leadership. 

Taking the Lead - Weekends from April to June 2011in London 
http://www.oliviermythodrama.com/admin/uploads/Taking%20The%20Lead%20Event%20Flyer_2011.pdf


And for the first time ever we are offering individuals the opportunity to train in the Mythodrama methodology.This week long "Adventure" takes place at the Findhorn Foundation an inspiring eco-village near the Moray Firth in Scotland. Each participant will be invited to bring a story or myth that has personal meaning to them, learn to tell it in a compelling way and develop it as an experiential learning tool - whether as a personal rite of passage or as a teaching tool for others. We will also live through the myth of Henry V to develop our own Inspirational leadership... 

Adventure in Mythodrama - Saturday 23rd - Friday 30th July 2011 in Scotland 
http://www.oliviermythodrama.com/template_project.asp?page=The%20Adventure%20of%20Mythodrama.asp 


I would be delighted if you can attend either of these events and please do pass the details on to anyone else you think might be interested. They both will run as Mythodrama Projects (supporting personal and community development) and are therefore costed at much lower rates than our corporate events. 

Best regards, Richard






LE POLITIQUE DANS SES ÉTATS CRITIQUES Centre d'Alembert - Séminaire 4 mai 2011




CENTRE D'ALEMBERT

Dans le cadre de la série de séminaires autour du thème "Crises, catastrophes, systèmes hors d'équilibre", la dernière séance  intitulée "LE POLITIQUE DANS SES ÉTATS CRITIQUES : LA PERSPECTIVE DE LA THÉORIE DES CONJONCTURES FLUIDES" aura lieu le

mercredi 4 mai 2011
à Orsay, Bâtiment 338 (Bâtiment des Colloques)
Salle 103 - 1er étage gauche
de 13h30 à 15h30
---Entrée libre---

Intervenant :
Michel DOBRY
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Michel Dobry est professeur au sein du Département de science politique de la Sorbonne (Université Paris I). Ses principaux travaux portent sur les conjonctures critiques (voir en particulier sa Sociologie des crises politiques, Presses de Sciences po, 2009, 3ème édit.), les jeux politiques dans les systèmes complexes, les processus de légitimation et la légitimité, l'action collective, les processus de « transition » à la démocratie (notamment Democratic and Capitalist Transitions in Eastern Europe, Kluwer, 2000) et les mouvements autoritaristes et fascistes dans l'entre-deux-guerres en France et en Europe (en particulier Le mythe de l'allergie française au fascisme, Albin Michel, 2003 ). De 1994 à 1999 il a été co-président du Réseau scientifique international «Social Transformations in Central and Eastern Europe» de l'European Science Foundation et de 1993 à 2003, fondateur et premier directeur du Laboratoire d'Analyse des Systèmes Politiques (UMR CNRS).

"LE POLITIQUE DANS SES ÉTATS CRITIQUES : LA PERSPECTIVE DE LA THÉORIE DES CONJONCTURES FLUIDES"

La conférence aura pour objet la manière dont les sciences sociales peuvent penser les phénomènes critiques - « crises politiques », « révolutions », « ruptures », « transitions », etc. - observables dans les systèmes sociaux contemporains. Elle partira des raisons pour lesquelles les conceptions traditionnelles de ces phénomènes, reproduisant presque toujours l'idée que ces phénomènes supposés « anormaux » doivent nécessairement être appréhendés d'un point de vue qui leur serait spécifique, ont été de part en part contreproductives. La conférence présentera ensuite les principales lignes de force de la théorie des conjonctures politiques fluides. A l'encontre des diverses formes de la tentation de l'exceptionnalisme méthodologique, cette théorie, qui développe une perspective résolument continuiste, rapporte l'ensemble des propriétés majeures des phénomènes critiques dont elle rend raison à une dynamique de désectorisation tendancielle des espaces sociaux des systèmes sociaux « complexes » (c'est-à-dire différenciés en des sphères sociales, secteurs ou « champs » plus ou moins autonomes, fortement institutionnalisés, autoréférenciels et dotés de logiques sociales spécifiques à chacun d'entre eux) qui constituent son univers de pertinence.
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Animateur de la séance :
Jean-François TERNAY, Directeur du Centre d'Alembert

Le Centre d'Alembert vous remercie de l'intérêt que vous portez à ses activités.
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CENTRE D'ALEMBERT
(Centre Interdisciplinaire d'Etude de l'Evolution des Idées, des Sciences et des Techniques)
Bâtiment 407 - 91405  ORSAY Cedex
Tél. : 01.69.15.61.90 - Fax : 01.69.15.43.98
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Fwd: Nucléaire: une proposition de loi pour un vrai débat sur l'énergie - Infos - blog : arnaudgossement.com -SFEN VdL






Nucléaire: une proposition de loi pour un vrai débat sur l'énergie

proposition de loi, débat, nucléaire, énergie, députés, bertrand pancherIl y a sans aucun doute un avant et un après "Fukushima". Depuis que la centrale nucléaire japonaise a été sinistrée par le tsunami qui a frappé l'archipel, de nombreuses voix se sont élevées, notamment en France pour demander un "vrai débat sur l'énergie". Reste à définir ce que cela représente. C'est dans ce contexte que plusieurs députés, dont Bertrand Pancher, ont déposé une proposition de loi qui retient l'attention. 


La proposition de loi que ces députés viennent de déposer à l'Assemblée nationale constitue une excellent initiative, et ce, pour plusieurs raisons. 

En premier lieu, il est indispensable de ne pas organiser un débat qui soit restreint au nucléaire. Débattre de l'avenir du nucléaire, c'est d'abord débattre de l'avenir de l'énergie en général et des alternatives au nucléaire et aux énergies fossiles en particulier. Les questions d'économie d'énergie, d'efficacité énergétique, d'énergies renouvelables, d'autoconsommation, d'indépendance et d'acceptabilité sociale des énergies doivent être toutes traitées dans un même débat. 

En second lieu, un vrai débat sur l'énergie ne saurait regrouper des personnes d'accord entre elles. Il n'y aurait alors aucun débat. Je suis particulièrement favorables à ce que les arguments des uns et des autres puissent être confrontés. 

En troisième lieu, un tel débat suppose une véritable ingénierie sociale. En France, c'est sans aucun doute la Commission nationale du débat public qui dispose de cette compétence et de cette expérience. La saisir est indispensable .

En quatrième lieu, la proposition de loi n'oublie pas d'articuler le débat public avec le Grenelle de l'environnement. Très bonne idée qu'il serait d'ailleurs utile de pousser plus avant en réfléchissant éventuellement à une fusion entre le comité de suivi du Grenelle de l'environnement et la Commission nationale du débat public. 

Enfin, je trouve très important que ce débat procède d'une initiative parlementaire. Seule une telle initiative permet d'établir un lien entre démocratie représentative et démocratie participative, sans les opposer.  

J'espère donc que cette proposition de loi sera discutée et votée, si possible à l'unanimité.

 
 

N° 3354

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ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

TREIZIÈME LÉGISLATURE

 

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 avril 2011.

 

PROPOSITION DE LOI

visant à l'organisation d'un débat public national sur l'énergie,

(Renvoyée à la commission des affaires économiques, à défaut de constitution

d'une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

présentée par Mesdames et Messieurs

 

Bertrand PANCHER, Éric STRAUMANN, Daniel SPAGNOU, Jacqueline FARREYROL, Bérengère POLETTI, Jacques REMILLER, Jean-Pierre DECOOL, Claude BODIN, Francis HILLMEYER, Yves VANDEWALLE, Dino CINIERI, René COUANAU, Arnaud RICHARD, Jacques Alain BÉNISTI, Nicolas DHUICQ, Franck REYNIER, Patrice MARTIN-LALANDE, Brigitte BARÈGES, Bernard PERRUT, Francis SAINT-LEGER, Thierry BENOIT, Dominique DORD, Jean-YVES COUSIN, Jean-Marie SERMIER, Christophe CARESCHE, Franck MARLIN, Jean ROATTA, Stéphane DEMILLY, Françoise de SALVADOR, Patrick LABAUNE, Lucien DEGAUCHY, Jean-Louis CHRIST, Denis JACQUAT, Alain SUGUENOT, Pierre MOREL-A-L'HUISSIER, Didier QUENTIN, André WOJCIECHOWSKI, Pascale GRUNY, Lionel TARDY, Marianne DUBOIS et Édouard COURTIAL,

députés.

EXPOSÉ DES MOTIFS

 

Mesdames, Messieurs,

Nous vivons aujourd'hui dans un monde de transition dans lequel les notions de « transparence », « écoute », « dialogue avec les parties prenantes » et « concertation avec les citoyens » sont la condition sine qua non du respect de nos valeurs et de la démocratie.

L'actualité internationale récente, que ce soit à travers les révolutions qui ont ébranlé le monde arabe, coeur de la production mondiale de pétrole, les conférences sur le climat de Copenhague et de Cancun traitant du réchauffement climatique et de l'urgence de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ou encore plus récemment le risque nucléaire de Fukushima au Japon, démontre de l'omniprésence de la question énergétique.

Les Français s'interrogent. Pourtant, ils n'ont jamais eu l'occasion de s'exprimer sur ces sujets, alors que les questions sont nombreuses et restent trop souvent sans réponses claires : pouvons-nous nous passer de l'énergie nucléaire pour maintenir notre indépendance énergétique ? Quelles alternatives avons-nous pour évoluer vers un mode de production énergétique peu émetteur de gaz à effet de serre ? Existe-il un mixe énergétique réellement adéquat pour subvenir à nos besoins, respecter l'environnement et la santé de tous ? La mobilisation en cours sur le gaz de schiste est encore un autre exemple des zones d'ombres qui entourent la question de l'énergie dans notre pays.

Beaucoup de données sont peu connues du grand public alors que l'énergie, qu'elle soit renouvelable ou non, est au cœur des préoccupations de nos concitoyens. La dépendance énergétique et l'état de la consommation énergétique de chaque Français sont un réel défi d'avenir.

Les questions sont multiples et portent sur l'ensemble de notre parc énergétique :

Si les lois du Grenelle de l'environnement ont impulsé une dynamique en faveur des énergies renouvelables (EnR), ce même Grenelle est resté muet sur la question du nucléaire, alors que cette énergie fait partie de notre quotidien : 78 % de notre électricité provient de ce mode de production, ce qui place la France au premier rang international, loin devant les États-Unis d'Amérique (19,7 %), l'Allemagne (28,3 %) ou le Japon (29,7 %). Au total, les 58 tranches nucléaires françaises produisent 16 % de l'énergie nucléaire mondiale. Pourquoi cette absence de discussion sur le sujet, alors précisément que la nouveauté du Grenelle fut le dialogue ouvert et l'expertise partagée ?

Les recherches sur le gaz de schiste ainsi que des explorations concernant le schiste bitumineux du bassin parisien ou encore celles concernant les réserves de pétrole offshore au large de la Guyane, font prendre conscience à nos concitoyens des risques environnementaux graves. Ces recherches ne peuvent pas s'effectuer en catimini faute de quoi elles seront immédiatement rejetées même si les réserves semblent immenses.

L'augmentation de la production d'énergies renouvelables (EnR) va entraîner une augmentation du prix de l'électricité payé par nos concitoyens faute d'une régulation globale de ce marché. Sans concertation, les citoyens risquent inévitablement de s'opposer à ces stratégies. Ont-ils conscience du coût et des contraintes paysagères que cela implique et jusqu'où veulent-ils aller dans ce domaine ? Les énergies renouvelables ont été mises en avant pendant le Grenelle de l'environnement. Elles représentent 7,8 % du total des énergies primaires consommées en 2008. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la première EnR en France est le bois énergie, avec 8 143 kilotonnes équivalent pétrole en 2008 représentant 45 % des EnR en France (source INSEE), cette source d'énergie reste pourtant très confidentielle et mériterait une attention toute particulière.

La diminution de la consommation d'énergie fossile, tout comme la réduction de la production de gaz à effet de serre dont les conséquences sont catastrophiques pour l'humanité doivent se traduire par des efforts et des changements de comportements que peu de nos concitoyens mesurent. Il est essentiel que les politiques publiques accompagnent les entreprises à se transformer dans ce sens. Ces changements de mentalités doivent intervenir particulièrement dans les deux postes les plus concernés : les transports et le logement.

Sur le plan des transports, l'arrivée de la taxe poids lourd ainsi que la diminution des investissements routiers permettra d'orienter de nouveaux moyens en direction des modes de transports collectifs. Ces mesures permettront également de réorienter les flux de passagers ou de production sur d'autres moyens de circulation ou dans d'autres domaines.

Sur le plan du logement, la baisse de la consommation énergétique peut se traduire par des augmentations élevées du coût des travaux et des transactions immobilières.

Un débat public ne faciliterait-il pas les changements de comportements des citoyens face à ces nouvelles données ?

Ce thème de l'énergie pourrait clairement faire l'objet d'un débat public organisé sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP) qui a vu son fonctionnement modifié par le second Grenelle de l'environnement du 12 juillet 2010. Cette commission indépendante est la garantie nécessaire à la tenue d'un débat apaisé. Il est en effet indispensable que ce débat se tienne dans des conditions convenables afin que tous puissent acquérir les connaissances nécessaires pour s'exprimer sur le sujet et comprendre les termes du débat dans l'impartialité la plus complète.

Comme énoncé dans l'article L. 121-10 du code de l'environnement : « Le ministre chargé de l'environnement, conjointement avec le ministre intéressé, peut saisir la Commission nationale du débat public en vue de l'organisation d'un débat public portant sur des options générales d'intérêt national en matière d'environnement, de développement durable ou d'aménagement. »

Aussi, il est demandé à Madame Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, conjointement avec Monsieur Besson, ministre auprès de la ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique de saisir la CNDP au plus vite afin de soumettre l'organisation d'un grand débat public national sur l'énergie afin de permettre au Peuple français de s'exprimer pour la première fois de son histoire sur les choix politiques de la France concernant l'énergie nucléaire mais au delà concernant l'ensemble des productions d'énergies de notre territoire.

PROPOSITION DE LOI

Article 1er 

Un débat public sur l'énergie en France est organisé par la Commission nationale du débat public et lancé dans un délai de quatre mois suivant la promulgation de la présente loi.

Article 2

Il visera à éclairer nos concitoyens sur les choix de notre pays en matière énergétique, les conséquences de la production des différentes sources énergies en terme notamment de prix, d'indépendance, et de sécurité tant humaine que concernant le domaine de biodiversité, en relation avec les stratégies européennes dans ce domaine.

Article 3

Ce grand débat sur l'énergie aura également pour objectif de recueillir l'avis de nos concitoyens sur le développement des différentes productions futures ainsi que leurs conditions de mise en œuvre, notamment en termes de sécurité, d'accès pour tous, et de responsabilisation de chaque concitoyen quant à sa consommation personnelle.

Article 4

Afin de garantir la totale impartialité de ce débat, il sera confié à une instance indépendante, la Commission nationale du débat public (CNDP) laquelle en relation avec les cinq grandes catégories d'acteurs du Grenelle de l'environnement (administration, élus, entreprises, syndicats et ONG) sera chargée d'approfondir les questions posées.

Article 5

Les principales conclusions ou orientations issues de ce débat seront examinées par le Parlement lequel indiquera, point par point la suite qui y sera donnée.

Article 6

Les charges qui pourraient résulter pour l'État de l'application de la présente loi sont compensées à due concurrence par une majoration du tarif de la taxe prévue à l'article 991 du code général des impôts



POUR UNE VISION INTEGRALE DU FACE A FACE ACTUEL SUR LE NUCLEAIRE CIVILE : Le monde - "Les leçons de Tchernobyl n'ont pas été tirées " VERSUS Valeursactuelles.com - "l'Europe est le continent de la peur"



Les leçons de Tchernobyl n'ont pas été tirées

LEMONDE| 25.04.11 | 13h50  •  Mis à jour le 26.04.11 | 09h32

 

En 1986, le 26 avril, le quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait. Pour la communauté scientifique, aucun doute ne subsiste quant au lien entre cette catastrophe nucléaire et l'inversion des courbes de croissance dans les régions directement concernées par l'exposition à la radioactivité. En particulier en Biélorussie, où l'on assiste à une "hécatombe" démographique avec un taux de croissance de - 5,9 %.

Alors que la natalité est en chute libre, les données sur la mortalité atteignent des valeurs inquiétantes, essentiellement en raison de pathologies cardiovasculaires et de cancers dont le nombre croît chaque année. La baisse de la natalité est, elle, liée à des troubles du fonctionnement des systèmes reproductifs - féminin et masculin - et à des pathologies lourdes affectant le développement embryonnaire et foetal. Tchernobyl a aggravé l'état de santé de personnes au métabolisme perturbé et au génome fragilisé parce que contaminées pendant vingt-cinq ans par des radionucléides, en particulier du Cs-137.

Les gouvernements de l'ex-URSS puis de la Biélorussie, de l'Ukraine et de la Russie, se sont montrés incapables de gérer les problèmes posés par l'accident de Tchernobyl. L'une des causes majeures de l'échec réside dans l'absence d'informations objectives concernant l'impact des agents radioactifs sur la santé humaine. La censure de l'information s'explique en grande partie par la collusion entre le lobby nucléaire et le régime autocratique de la Biélorussie.

A l'heure où la centrale de Fukushima continue de déverser - et pour un certain temps encore - des radionucléides dans la biosphère, rappelant la contamination causée par l'explosion de la centrale de Tchernobyl vingt-cinq ans auparavant, la mise en oeuvre de mesures de radioprotection dans ces zones s'impose de toute urgence. Pendant des années, l'aide européenne était exclusivement orientée sur la sécurisation du site de Tchernobyl et de son sarcophage. Le 19 avril, la Commission européenne a d'ailleurs promis 110 millions d'euros supplémentaires. Il est néanmoins essentiel de consacrer une partie des financements à des projets sanitaires.

Il va sans dire qu'aucun système de radioprotection n'est efficace en termes de prévention des maladies invalidantes et mortelles sans actions politiques concrètes ni diffusion correcte de l'information.

Ce point est crucial. Même si le nombre "d'anomalies" entourant la catastrophe de Tchernobyl n'a rien à voir avec la situation rencontrée dans les pays démocratiques, l'accès à une information impartiale ne va pas de soi.

Nous l'avons constaté une fois de plus au moment de l'accident de Fukushima. Or, dans le cas d'accidents nucléaires, ce principe est littéralement vital !

Les alternatives existent

On mesure dès lors toute l'importance du Centre d'analyse et de coordination "Ecologie et santé" de Kiev. Parmi ses fonctions, l'évaluation objective de la situation dans les territoires contaminés et la mise en place de dispositifs de protection pour les populations et les secouristes en cas d'accidents nucléaires. Egalement, la création d'un centre de réadaptation pour les personnes affectées par l'accident de Tchernobyl, dont les centaines de milliers de "liquidateurs" qui se sont sacrifiés pour épargner à l'Europe une contamination encore plus étendue. Cette institution dispose désormais d'une expertise et de connaissances inédites dans la prévention et la réadaptation des personnes souffrant de maladies radio-induites.

Un projet pilote d'autant plus précieux qu'il peut servir pour d'autres régions contaminées et, au pire, dans d'autres cas d'accidents nucléaires mais également être dupliqué dans la région de Fukushima. La technologie nucléaire et les conséquences de la radioactivité constituent une menace réelle pour l'homme.

Si l'on arrête de se voiler la face, on comprend vite combien la course à l'armement nucléaire et le développement du nucléaire civil sont insensés. Même si les frontières françaises semblent avoir des vertus magiques leur permettant d'arrêter le nuage radioactif de Tchernobyl ou, dans un tout autre registre, les trains de réfugiés nord-africains en provenance d'Italie, de plus en plus de citoyens sont conscients des risques liés à cette technologie.

Aux séquences tragiques des accidents de Tchernobyl et de Fukushima s'ajoutent tous ceux qualifiés de "mineurs" mais également les questions non résolues des déchets radioactifs et du démantèlement des centrales. Outre le fait que cette technologie d'arrière-garde continue de ponctionner les fonds publics de manière vertigineuse, les conséquences sur l'homme de l'exposition directe et indirecte sont telles qu'elles nous obligent à envisager sérieusement la sortie progressive du nucléaire.

Une sortie qui n'est plus simplement "un rêve d'illuminés" mais une option politique crédible pour certains gouvernements dont l'Allemagne qui, rappelons-le, figurent en tête des économies mondiales, loin devant la France...

Les alternatives au nucléaire existent, comme l'ont démontré depuis longtemps les organisations environnementales, mais aussi de nombreux chercheurs et ingénieurs de renom, à l'instar des instigateurs du scénario négaWatt. Alors que nous disposons des technologies nous permettant de sortir du nucléaire tout en respectant nos engagements climatiques d'ici à 2050, certains Etats s'obstinent à entretenir le mythe de sa renaissance.

Le futur énergétique de l'Europe et la réduction des gaz à effet de serre dépendront des investissements que nous ferons dans les dix ans à venir. A nous de savoir si, dans ce rapport de force entre les promoteurs du nucléaire et ceux des énergies renouvelables, nous préférons nous tourner vers cette "bonne vieille" technologie nucléaire ou au contraire vers des technologies qui nous permettront de construire un futur durable et responsable.


Yuri Bandajevsky est professeur d'anatomo-pathologie ; recteur de l'université de médecine de Gomel (Biélorussie).

Michèle Rivasi est députée européenne ; fondatrice de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité) créée au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.

Daniel Cohn-Bendit est président du groupe des Verts au Parlement européen.

 

Yuri Bandajevsky, Michèle Rivasi et Daniel Cohn-Bendit Article paru dans l'édition du 26.04.11
 
 


 

Claude Allègre : "l'Europe est le continent de la peur"

Dans son dernier ouvrage, Faut-il avoir peur du nucléaire ?, Claude Allègre revient sur l'accident de Fukushima. Il dénonce les amalgames faits par les médias, l'indécence des écologistes et le manque de compassion pour les Japonais. Il ne faut pas, selon lui, craindre le nucléaire, il faut juste bien le contrôler.

L'accident de Fukushima s'est produit il y a tout juste un mois. Pensez-vous que les Japonais ont réagi comme il le fallait ? La société Tepco, le groupe privé qui gère la centrale, a cherché par tous les moyens à sauver sa centrale. Au tout début de l'incident, elle a refusé de refroidir les réacteurs avec de l'eau de mer… Si elle avait pris cette décision, la réaction nucléaire aurait été stoppée net mais les réacteurs auraient été ensuite inutilisables. Des considérations financières étaient en jeu : Tepco voulait surtout éviter de perdre de l'argent.

Quant au gouvernement japonais, il ne s'est pas occupé immédiatement des problèmes auxquels la centrale nucléaire était confrontée : il a en effet porté toute son attention sur les désastres consécutifs au tremblement de terre et au tsunami. Quand le gouvernement a commencé à s'intéresser à la centrale, la situation s'était déjà dégradée. C'est ce qui explique une partie des problèmes qu'il rencontre aujourd'hui pour colmater les fuites.

Pensez-vous que le nucléaire sera remis en question à l'échelle mondiale ? Rendons aux événements leur juste valeur. Les deux événements majeurs qui se sont produits au Japon sont le tremblement de terre et le tsunami, et rien d'autre ! À Fukushima, il y a eu certes un accident mais il n'y a pas eu de catastrophe nucléaire. On dénombrera sans doute plus de 30 000 morts au Japon, mais il n'y aura vraisemblablement aucune victime du nucléaire.

Comment jugez-vous l'emballement médiatique ? Dans l'esprit du grand public, il y a eu un amalgame fait entre Fukushima et Hiroshima, entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire ; une centrale peut certes exploser comme le ferait une Cocotte-Minute, mais sûrement pas se transformer en bombe atomique. La teneur en matériau fissile, uranium 235, n'est en effet pas la même dans un réacteur et dans une bombe atomique.

Les écologistes sont en grande partie responsables de cette assimilation, comme d'ailleurs les médias qui ont mélangé tremblement de terre, tsunami et nucléaire. Je trouve cette attitude d'une grande indécence.

Il fallait au contraire montrer de la compassion pour les Japonais et faire preuve de solidarité en leur apportant immédiatement de l'aide ; c'était le plus important. Au lieu de cela, tous ont fait preuve d'un grand manque de rigueur.

Comment cela ? Encore une fois, les amalgames qui ont été faits par Nicolas Hulot et ses amis sont absolument scandaleux. Au Japon, le problème n'est pas venu du tremblement de terre – la centrale a d'ailleurs bien résisté, et c'est l'élément positif– mais du tsunami. Prenez l'agitation actuelle autour de la centrale de Fessenheim, dans le Haut- Rhin : les deux situations n'ont rien à voir, il n'y aura pas de tsunami en Alsace ! De manière plus globale, ce qui s'est déroulé au Japon ne pourra pas se passer en France, où il n'y aura ni séisme de magnitude 9, ni tsunami. Je vois surtout que les écologistes veulent sortir du nucléaire comme ils veulent qu'on se débarrasse des OGM. Ils détruisent les ambitions européennes.

Les centrales françaises sont-elles dangereuses ? Avec une centrale nucléaire, il y a toujours des risques mais pas de menace. Lors des accidents, des incidents et des pannes, ces risques ont toujours été parfaitement maîtrisés. C'est inhérent à toute construction industrielle. En tenant compte d'Hiroshima, de Nagasaki et de Tchernobyl, le nucléaire a jusqu'à présent tué infiniment moins de monde que le charbon, l'avion ou les accidents de la route : chaque année, on dénombre dans le monde 300 000 morts, dont 4 000 rien qu'en France. Est-ce que l'on interdit la voiture pour autant ?

Une solution serait de consulter les Français par référendum…Vous n'allez quand même pas demander l'avis de la population française sur un sujet aussi pointu que le nucléaire ! La démocratie est une bonne chose quand la consultation porte sur un thème dont tout le monde comprend les tenants et les aboutissants. Va-t-on demander aux Français s'ils pensent que le théorème de Pythagore est exact ou non ? Il ne faut pas faire de référendum pour décider d'une réalité scientifique.

Le plus grand risque n'est-il pas finalement l'ignorance ? Non, le plus grand danger c'est la peur, et elle nous empêche d'aller de l'avant. L'Europe est le continent de la peur et celle-ci pourrait bien nous faire revenir en arrière, au temps des cavernes. Les conséquences sont déjà là… Pourquoi la reprise économique se fait-elle un peu partout dans le monde et pas en Europe, où on ne se soucie que d'une chose : que le ciel ne nous tombe pas sur la tête ? À ce train-là, la France ne restera pas longtemps la cinquième puissance économique mondiale… Et je redoute que nous passions très rapidement de la cinquième à la dixième place…

Que se passerait-il si le gouvernement décidait finalement de sortir du nucléaire ? Avoir des centrales nous permet de disposer d'une électricité 40 % moins chère qu'ailleurs et de limiter notre facture pétrolière. Décider de sortir du nucléaire plongerait immédiatement les deux tiers de la France dans le noir ! Il n'y aurait plus d'électricité. Remplacer le nucléaire par une énergie renouvelable supposerait l'installation de 100 000 éoliennes en France, ou l'équivalent en surface de deux départements couverts de panneaux solaires. C'est sans compter sur les jours où il n'y a ni vent ni soleil !

Comment expliquez-vous alors que les Allemands veuillent sortir du nucléaire ? Je n'explique pas cette absurdité ; c'est une bêtise ; c'est de la politique politicienne. Le chancelier Schröder le regrettait. Résultat de leur intransigeance sur le nucléaire, les Allemands polluent l'Europe car ils exploitent du charbon à grande échelle et leur charbon, la lignite, est un des plus sales d'Europe.

On entend davantage les écologistes sur le nucléaire que sur l'utilisation de la lignite… J'affirme que les écologistes sont vendus, il faut bien comprendre cela. Pourquoi croyezvous qu'il y a un lobby pour l'éolien ? Tout simplement parce que les sociétés qui exploitent les éoliennes financent les mouvements écologistes ! Les écologistes sont des gens d'extrême gauche ; ce sont les mêmes gauchistes qu'en Mai 68. Ils se sont reconvertis dans l'écologie mais ils n'ont pas changé leurs idéaux fondamentaux : ce sont des opposants aux sociétés dans lesquelles nous vivons.

Le débat actuel porte sur l'interdiction ou non d'exploiter le gaz de schiste… L'interdire serait incompréhensible car on se priverait d'importantes ressources énergétiques. Je serais plutôt partisan d'une réglementation comme l'ont fait les Américains, qui viennent de voter une loi de protection de l'environnement.

Les principaux opposants au gaz de schiste rappellent qu'au début des accidents se sont produits aux États-Unis, mais ils étaient le fait de petites sociétés qui n'offraient pas toutes les garanties de sécurité. Les mêmes dénoncent également une consommation excessive d'eau. Il y a enfin des problèmes liés à l'utilisation de produits chimiques : il faut donc faire attention aux rejets d'eaux. Il faudrait également changer le code Napoléon, dont dépend le droit minier. Prévoir que le propriétaire du sol et les collectivités territoriales soient bénéficiaires si on trouve quelque chose dans leur sous-sol. Cela changerait leur perception : aujourd'hui, ils n'ont aucun intérêt à promouvoir cette ressource énergétique.

Propos recueillis par Frédéric Paya.

Faut-il avoir peur du nucléaire ? de Claude Allègre, avec Dominique de Montvalon, Plon, 168 pages, 9,90 €.


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