SYNTHESE DU 13 janvier 09
Education à la joie : un exemple par l'éducation intégrale dans les écoles d'Auroville (Inde)
Intervenant : Antonella VERDIANI
· Architecte pour l'Unesco en Afrique sur l'Ile des Esclaves,
· Dans le cadre de l'Unesco travaille ensuite sur les contenus éducatifs pour les réseaux d'écoles,
· S'attache à l'éducation pour la paix et la résolution des conflits,
· Doctorat (Paris 8) sur l'éducation intégrale en tant que pratique transdisciplinaire
Au départ de la démarche d'Antonella, il y a un défi personnel : établir une passerelle entre le système établi et le système à venir. Et une question : comment intégrer de nouveaux contenus dans le système établi ?
Premier axe de recherche : est-il possible d'être heureux à l'école ? Peut-on être heureux dans un lieu où le corps et les émotions sont niés ? Dans un lieu où l'on n'existe que par la performance ?
Premières conclusions :
· Nécessité de la transdisciplinarité qui s'appuie sur 3 piliers :
- Multiplicité des niveaux de réalités : il n'y a pas que notre réalité
- Le Tiers inclus : sortir de la dualité
- La complexité : multiplicité des défis. Comment donner de nouveaux instruments ?
· Le Sujet au centre ou transcendance du Sujet.
· La joie nécessaire. Mais qu'est-ce que c'est que la joie ?
- La joie est un état unifié. C'est « Je » en union avec. Eduquer à la joie c'est donc éduquer à être en contact avec toutes les parties de soi-même mais aussi avec les autres réalités.
- La joie, c'est aussi l'émotionnel. C'est la relation à l'enseignant et à l'enseignement, au plaisir d'apprendre.
- La joie comme éveil : expression d'un état stable, de béatitude intérieure.
- L'éducation à la joie est holistique voir « holonistique » : « La loi du tout qui se rencontre dans toutes les parties » (Pierre Weil)
L'éducation, c'est donc « l'éducation à la joie » et celle-ci est intégrale : éducation physique, vitale (corps et émotions), mentale, psychique et spirituelle. Une approche développée par Ken Wilber entre autre.
L'expérience Auroville. Que se passe-t-il à Auroville ?
· C'est un laboratoire continu d'expériences dans tous les domaines.
· C'est un lieu d'éducation permanente.
· C'est un désert reconquis par la verdure. Tout est vert aujourd'hui.
· C'est la représentation vivante de la transdisciplinarité, le lieu des nouveautés, de la novation et de l'innovation.
· C'est un lieu d'invention, d'indiscipline totale mais rigoureux dans l'engagement.
· C'est un lieu de confrontation sévère entre le rêve et la réalité dans un lieu où l'Unité est le rêve à atteindre
· C'est un lieu multiculturel, où les enfants parlent en moyenne 4 à 5 langues.
· C'est un lieu d'incertitudes et de complétude.
L'enseignement à Auroville et les écoles Libre-Progrès :
· Relation étroite entre maître et élèves,
· Plans d'études personnalisés par élève,
· Pas d'examen,
· Curiosité d'approfondir ce qui intéresse l'élève,
· Liberté de l'élève et le maître comme guide
· Tout est verbalisé, dit, parlé
· L'enfant peut stopper à tout moment l'école et la reprendre
· Possibilité de préparer les grands concours (Cambridge…) avec son professeur et grand taux de réussite,
· Des personnes fortement engagées dans le processus.
Comment transposer tout cela dans notre monde ?
· En tant que maître, que guide vers l'apprentissage, c'est d'abord reconnaître qui on a en face de soi et entrer en résonance avec l'enfant pour ainsi créer une résonance mutuelle.
· C'est reconnaître que chaque élève est un individu et qu'il est aussi source d'enseignement pour l'enseignant.
· Cette éducation à la joie pourrait se transposer à l'intégralité de la tâche qui revient à l'éducation :
- au niveau macro (structures sociales, politiques éducatives). Par exemple : un tronc commun universitaire international (comme le proposent Edgar Morin ou Michel Serres)
- au niveau micro : nourrir pour la culture de la paix, de la joie et de l'éveil.
Questions :
· Pour que cela puisse exister, le rôle de l'enseignant est fondamental. Comment cela peut-il s'opérer ?
Il n'y a pas encore une réponse dans le panorama de la formation en éducation actuelle et les étapes concrètes n'existent pas encore pour cette mise en place. C'est une route qui s'ouvre. Sans doute peut-on commencer à proposer cette formation aux enseignants comme un nouvel outil.
· Quel contact avec les banlieues où l'on est à l'opposé de la sérénité et de la joie ? Ce pourrait être des lieux de travail extraordinaires sous forme d'atelier.
Il existe des enseignants et éducateurs formés et qui réussissent de belles expériences car ils bénéficient d'aides et de plus de liberté. Ceci est vrai notamment dans les ZEP où le contexte social « difficile » pousse l'éducation nationale a sortir des sentiers battus des programmes ministériels en cherchant des nouvelles solutions.
· Quelle forme vivante en France ?
Les alternatives aujourd'hui en France sont surtout du côté des écoles privées dites alternatives. Quelques écoles en France s'ouvrent aux méthodes pédagogiques Montessori entre autre mais c'est à l'initiative d'enseignants en particulier. Pas mal d'initiatives voient le jour, comme l'Ecole de la Deuxième Chance à Marseille qui donne de très bons résultats (80% d'embauches), également en région parisienne où le peintre Garouste a monté un atelier de peinture pour permettre aux jeunes d'avoir accès à l'art (Association La Source : http://www.associationlasource.fr).
· Comment accélérer le mouvement ?
Partager les expériences sur Internet car beaucoup d'initiatives existent. D'autre part, faisons confiance à la base, aux parents, aux enseignants. N'attendons pas que l'establishment agisse. De plus, n'oublions pas que le travail d'aujourd'hui se continue via le site Internet de l'Université Intégrale sur lequel chacun peut venir partager des documents, des informations et des commentaires. De même avec Face Book. Utilisons ces outils au profit de l'intelligence collective.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire