MANIFESTE
POUR LA TECHNOLOGIE
AU SERVICE DE L'HOMME
Grenoble,12 octobre 2000
•Institut National Polytechnique de Grenoble •
Ils ont collaboré à la rédaction du Manifeste :
Hubert CURIEN Académie des Sciences
Jacques FERDANE Hewlett Packard
Jean-Jacques GAGNEPAIN CNRS-SPI
Marcel JUFER EPF Lausanne
Riccardo PETRELLA Université de Louvain-la
Neuve (Belgique)
Jean THERME CEA Grenoble-LETI
Ce Manifeste est le résultat d'une année de travail collectif.
Depuis octobre 1999,l'INP Grenoble a organisé,avec ses partenaires
et un comité de parrainage présidé par Hubert CURIEN, une série
d'événements pour mettre en lumière des interrogations sociétales
fondamentales liées aux Sciences de l'Ingénieur et à la Technologie.La
richesse des débats,lors des Premières Rencontres Internationales de
la Technologie organisées en mai 2000 à Grenoble, a permis de rédi-
ger "le Manifeste pour la technologie au service de l'Homme",consti-
tuant une base de dialogue pour l'organisation des universités tech-
nologiques du futur.
Nous souhaitons enrichir cette réflexion par des forums réguliers
avec les personnalités et les institutions concernées par cette problé-
matique.
Nous invitons toutes celles et ceux qui partagent ces préoccupations
à nous rejoindre dans la perspective de prochaines rencontres euro-
péennes en 2001.
Contact :
Jean-Claude SABONNADIERE,INP Grenoble,04 76 57 45 04
46 avenue Félix Viallet,38000 GRENOBLE
Ce Manifeste est une plate-forme de dialogue ouverte à toutes les
institutions universitaires qui forment des ingénieurs et partagent
notre souci d'une approche humaniste de la technologie. Il a voca-
tion à être le ferment d'une réflexion philosophique permanente
sur les relations entre l'ingénieur, la technologie et le citoyen, qui
sera actualisée de manière régulière dans le cadre de rencontres
périodiques des représentants de l'université, de la recherche, de
l'industrie, de la politique…
Ce document pourrait constituer la base d'une conception actuali-
sée du métier de l'ingénieur et le point de départ d'une évolution
pédagogique qui la prenne en compte. On pourrait imaginer que
les Universités Technologiques et les Ecoles d'Ingénieurs, qui
souhaitent adhérer à l'esprit de ce Manifeste, s'engagent à tout
mettre en œuvre pour en suivre les recommandations et proposent
à leurs diplômés de viser le nouveau serment d'Archimède,
charte éthique de l'ingénieur du XXIe siècle.
Yves BRUNET
Président de l'INP Grenoble
Il est bien naturel qu'à Grenoble,où,depuis 100 ans et plus,se
forment des ingénieurs,on propose de s'interroger sur " l'ingé-
nieur d'aujourd'hui ".
Des réflexions menées avec de nombreuses personnalités,fran-
çaises et étrangères, du monde de l'économie, de l'enseigne-
ment et de la politique ont conduit à la rédaction d'un Manifeste
fondé sur sept principes essentiels et qui aboutit à l'énoncé d'un
nouveau " serment d'Archimède ".
Développer la technologie pour quoi,pour qui ?
Il est nécessaire de s'expliquer et de s'engager, au sein d'une
société qui, certes, ne refuse pas le progrès, mais qui se méfie
d'éventuelles diableries. L'information, diffusée sous les formes
les plus variées,ne manque pas,direz-vous.Encore faut-il qu'el-
le soit digeste et que sa qualité ne souffre pas de son abondan-
ce. Aux deux vocations classiques des ingénieurs, innover et
gérer les industries dans leurs diverses conséquences,il faut en
ajouter une troisième : expliquer, et éventuellement rassurer.
Janus n'était que " bifrons ",l'ingénieur moderne est " trifrons ":
il invente,il gère,il explique.
L'information,le transfert du savoir,ne prend sa pleine ampleur
que dans le dialogue. Le bon professeur est celui qui sait aussi
écouter,le bon ingénieur celui qui sait échanger.
Ce n'est que par l'échange, que la diversité et la nouveauté
deviennent des richesses pour une humanité en quête d'une
définition conviviale du progrès.
Hubert CURIEN
Ancien Ministre de la Recherche et de la technologie
Président de l'Académie des Sciences
La technologie
au service de l'Homme
PREAMBULE
Le siècle dans lequel nous entrons représente en terme d'évo-
lution une époque unique dans l'histoire de l'humanité. Depuis
le début des temps,les technologies se développent moins vite
que les générations humaines,mais au cours des trente derniè-
res années,elles en ont rattrapé le rythme.
Aujourd'hui les technologies évoluent plus rapidement que les
générations.L'individu devient ainsi l'élément stable du diptyque
Homme-Technologie. C'est à la fois une chance formidable et
une menace impalpable mais réelle.
La chance,c'est la possibilité d'une meilleure espérance de vie,
de santé,de confort et d'une élévation du niveau de vie et d'é-
ducation pour le plus grand nombre.La menace,c'est le risque,
faute de sens,d'un développement incontrôlé et d'un usage per-
vers des possibilités de la technologie.
Cette chance, nous la saisirons si nous sommes capables de
comprendre la transformation en cours et de placer l'Homme
et la Société au cœur du développement technologique. Faute
de maîtriser ce développement, nous risquons de voir apparaî-
tre des fractures sociales importantes qui, en amplifiant celles
qui existent déjà,seront génératrices de soubresauts analogues
à ceux du siècle qui s'achève.Nous devons privilégier les inno-
vations qui accordent la priorité aux besoins diversifiés des
sociétés et à la formation des citoyens au meilleur usage sur le
plan environnemental,social et économique,des nouvelles tech-
nologies. Nous contribuerons ainsi à la résolution des problè-
mes les plus urgents qu'affrontent la Société… et la planète.
Cette chance,nous pourrons la saisir à notre niveau,en
France et en Europe, en redéfinissant les fondements
du métier qui est le nôtre : le métier d'ingénieur.
Nous avons construit ce manifeste autour de sept grands principes :
1.L'exigence démocratique:une Société de la connaissance doit se
fonder sur un espace public ouvert à tous.
2.L'exigence d'objectivité et d'honnêtetédans la conduite de l'ex-
pertise technologique.
3.La précaution,principe fondateur de la sagesse des sociétés.
4.La responsabilité et la transparenceau sein des institutions.
5. La nécessité de donner un sens à la technologiepour mieux
vivre et faire ensemble.
6.L'importance d'être entrepreneurde la connaissance.
7. La nécessité d'une formationréellement scientifique, plurielle,
humaniste…et quotidienne.
De ces sept grands principes découle un ensemble de recommanda-
tions destinées aux Universités Technologiques et aux Ecoles
d'Ingénieurs ainsi qu'un engagement, sous forme du "Nouveau ser-
ment d'Archimède", que les ingénieurs diplômés devraient prendre
dès l'entrée dans leur vie professionnelle,pour créer tout au long de
leur carrière :
une technologie au service de l'Homme.
Les principes
"Nous devons être le changement que
nous voulons voir dans le monde."
Mahatma GANDHI
Principe 1
L'exigence démocratique :
une société de la connaissance
doit se fonder sur un espace
public ouvert à tous
La manière, par laquelle les sociétés font avancer les nouvelles
technologies, dépend principalement de la latitude et de l'im-
portance qu'elles accordent à la promotion d'un Espace Public
ouvert à tous, c'est-à-dire à la façon d'organiser la démocratie.
Cet Espace Public est un espace de connaissance,d'information
et de communication qui permet aux opinions les plus diverses
de s'exprimer,se confronter,se concilier sur la nature des pro-
blèmes, des solutions et du rôle que doit jouer la technique.
Dans la culture et la pratique d'une démocratie effective, l'in-
formation doit obéir à trois règles :
1. L'information qui circule au sein de l'Espace Public
est supposée vraie ou,du moins,sa source est connue
de tous.
2.L'information est collective,un grand nombre d'indi-
vidus la crée et la partage.
3.Chacun peut avoir accès à l'Espace Public.
Cela vaut particulièrement pour le cyberespace qui modifie
profondément le fonctionnement de l'Espace Public,en permet-
tant de fragmenter, découper, retransmettre de l'information
sans contrôle. Il est important de veiller, dans ce contexte, au
maintien de la tradition déontologique qui tend à recouper,véri-
fier les informations et à leur donner une légitimité. Il faut
créer une déontologie propre à l'usage des nouveaux
moyens de communication et d'information et la faire appliquer.
La connaissance et les moyens de communication et d'informa-
tion constitueront un formidable outil de progrès en permet-
tant à des individus,des organisations,à des structures ayant des
possibilités limitées,de repérer les dysfonctionnements,de faire
passer leurs messages,de proposer des solutions,de peser dans
le débat et d'influencer l'opinion publique, les états, les organi-
sations institutionnelles.
En un mot,de faire vivre la démocratie!
Principe 2
L'exigence d'objectivité
dans la conduite de l'expertise
technologique
La complexité du monde des technologies rend son appréhen-
sion par les citoyens de plus en plus difficile.La compréhension
des différents phénomènes mis en jeu par le développement
exponentiel des technologies rend les recours aux experts sou-
vent nécessaires. Nous sommes inévitablement confrontés au
problème de l'objectivité de l'expertise,car on ne peut être à la
fois indépendant et compétent sur un sujet important qui
concerne la société. Il convient de tout mettre en œuvre pour
assurer aux décideurs, comme aux citoyens, les moyens d'une
information la plus pertinente et la plus fiable possible. Le
champ de l'objectivité étant susceptible d'être limité par des
facteurs indépendants de la subjectivité des experts, il est
important que l'honnêteté joue pleinement son rôle.Cela signi-
fie que les experts ne doivent en aucun cas aliéner leur connais-
sance sous quelque prétexte d'ordre stratégique que ce soit
(politique,militaire,économique,commercial…).
Les principes de bases dans ce domaine doivent être ceux de :
L'inclusion : il faut faire en sorte que le plus grand nombre
d'opinions, y compris celles des parties prenantes, soit pris en
compte très tôt dans le processus. Le but est naturellement
l'excellence de l'expertise.
L'expertise plurielle et collective : la mise en place de
mécanismes,visant à un exercice collectif de l'expertise sous une
forme plurielle,est une meilleure garantie de son objectivité.
L'ouverture et la transparence :la conduite démocratique
de la prise de décision impose l'ouverture et la transparence;la
conséquence d'une telle conduite est l'adhésion du plus grand
nombre aux décisions prises.
Le principe de réexamen systématique :les mesures doi-
vent être considérées comme temporaires et soumises réguliè-
rement à examen pour analyser l'évolution et réduire les incer-
titudes.
Ces principes devront guider la formation et le comportement
des ingénieurs.
Principe 3
La précaution,
principe fondateur
de la sagesse des sociétés
L'impact à l'échelle d'un pays,d'un continent ou de la planète,du
développement à grande échelle d'un processus technologique,
oblige désormais, pour le rendre durable, à conditionner ce
développement à l'application du principe de précaution. Ce
principe s'applique lorsque l'on est en présence d'incertitudes.
Les mesures de précaution doivent être considérées comme
temporaires en attendant la levée des incertitudes.Le devoir du
Politique est de prendre ces mesures temporaires, mais aussi
d'encourager la recherche visant à lever ces incertitudes.
La généralisation de l'application du principe de précaution sup-
pose que l'on soit capable de réfléchir à un système commun de
références scientifiques. Il doit s'appliquer à tous les domaines
de la science et des techniques,dont les applications peuvent se
révéler dangereuses pour l'Humanité, par exemple, les perver-
sions possibles de la génétique, l'accroissement massif de la
consommation énergétique ou la généralisation de l'accès et de
la manipulation de l'information.
Ce système ne peut s'obtenir que par un effort de recherche
sur la précaution.C'est une recherche originale dans sa condui-
te,car elle implique de travailler dans l'incertitude et au croise-
ment de plusieurs disciplines. C'est une recherche multiforme
parce qu'elle doit intégrer des dimensions sociologiques et
psychologiques,au-delà des aspects strictement scientifiques.
Il ne s'agit plus d'aboutir à une connaissance nouvelle ou de
concevoir un nouveau produit, mais de travailler à réduire les
incertitudes sur l'impact que ces connaissances, produits ou
procédés nouveaux,peuvent avoir sur la Société.
Cette recherche sera le support scientifique d'un système
public permanent et transparent d'évaluation collective qu'il
est nécessaire et urgent d'instaurer à l'échelle nationale et
internationale.
Principe 4
La responsabilité au service du
bien commun
Il est de notre responsabilité collectivede donner aux géné-
rations futures,la possibilité de satisfaire leurs propres besoins,
sans avoir à gérer un passif transmis par leurs aînés.
Les développements technologiques,déclenchés pour la réalisa-
tion de buts à court terme,ont tendance à acquérir leur prop-
re dynamique contraignante.En vertu de leur inertie autonome,
non seulement ils peuvent être irréversibles, mais par effet
cumulatif, ils risquent, en outre, d'entraîner leurs acteurs dans
des voies dangereuses pour l'Humanité.
Ainsi,non seulement l'accélération du développement alimenté
par la technologie ne laisse plus le temps pour la correction
naturelle des trajectoires technologiques, mais, surtout quand
elle reste possible,cette correction devient de plus en plus dif-
ficile,et la liberté pour la faire,de plus en plus étroite.
Ce constat nous fait obligation de surveiller l'initialisation de
processus, dont le caractère dangereux et irréversible peut
s'avérer suffisamment fondé, même lorsqu'ils entretiennent
une espérance de progrès indubitable. Chaque ingénieur doit
être responsable vis-à-vis de son entreprise,mais aussi du bien
commun. Il ne rend pas compte seulement aux actionnaires,
aux clients, aux partenaires, mais il est responsable face aux
générations futures.En ce sens,il se doit d'avoir pour objectif
de maîtriser les changements et de veiller à ne pas établir des
situations néfastes qui soient irréversibles.
Principe 5
La nécessité de donner
du sens à la technologie pour
mieux vivre et faire ensemble
La poussée de la technologie, qui évolue à un rythme jamais
atteint jusqu'ici, accélère le processus de mondialisation et
change en profondeur la vie des entreprises et des citoyens.
Ces changements affectent déjà toutes les dimensions de l'en-
treprise :la gouvernance,la façon de travailler,les relations avec
les clients et les fournisseurs,et l'organisation même de l'entre-
prise.Ils vont affecter la vie des citoyens,à travers les nouvelles
formes de travail, et plus généralement l'organisation de la
société.
Cependant,ces technologies ne sont rien d'autre que des outils
au service de l'Homme et, en tant qu'outils, elles sont neutres.
Il appartient à celui-ci de leur donner une valeur,un sens.
Dans cet univers,le rôle de l'ingénieur doit évoluer.Il doit être
tout autant un donneur de sens qu'un concepteur d'objets et de
services. Cependant, il n'est pas le seul à donner du sens aux
objets, il doit coopérer avec d'autres acteurs à l'intérieur
comme à l'extérieur de l'entreprise.C'est pourquoi,il faut réin-
venter les relations entre l'ingénieur et les autres personnes
dont la culture, la fonction et l'expérience différentes vont l'ai-
der à donner du sens aux objets nouveaux. Il faut mettre en
place dans l'entreprise des mécanismes politiques et démocra-
tiques de coopération.
Il faut aider l'ingénieur à prendre conscience de la profondeur
de l'Humain et à donner un sens à ses actes et ses réalisations
techniques.En effet,s'il est utile de savoir résoudre des problè-
mes,il est encore plus nécessaire de savoir poser des questions
pertinentes. Lorsque le niveau des responsabilités s'élève tout
l'enjeu consiste à savoir poser les questions essentielles.
Principe 6
L'importance d'être des
entrepreneurs de la connaissance
L'évolution du monde de la technique entraîne et entraînera
une mutation profonde du fonctionnement des entreprises et
en particulier de celles qui sont sur le front de la technologie.
Le défi de demain pour les acteurs de l'entreprise comme pour
ceux de l'éducation, est de devenir des acteurs de la connais-
sance.
L'enjeu d'une organisation est d'être efficace et
performante.
L'entreprise recherche aujourd'hui plus de compétitivité, plus
d'innovation.Elle le fait par la mondialisation des connaissances
autour de la technologie, qui n'est plus perçue comme un élé-
ment de réponse à un cahier des charges,mais comme un objet
autour duquel vont se construire l'ambition et la connaissance.
L'enjeu de l'entreprise aujourd'hui est de mobiliser la
connaissance des individus au service de la compétitivi-
té et de l'innovation.
La connaissance est incarnée : c'est la mise en performance et
dans le contexte, par un individu, d'une série d'informations,
pour répondre à son dessein personnel ou professionnel.
Chaque collaborateur doit avoir un intérêt au développement
de sa connaissance qu'il doit considérer comme un capital.
Si l'enjeu actuel pour les entreprises est d'être compétitives par
l'accroissement de la connaissance, chacun des collaborateurs
doit pouvoir être,en fonction du projet développé,tour à tour
chercheur,enseignant et manager.
Les dispositifs de partage de la connaissance doivent garantir un
environnement favorable à la richesse collective parce qu'at-
tractif sur le plan individuel.Les organisations doivent réussir à
mettre en place des dispositifs dans lesquels l'égoïsme de cha-
cun sert l'intérêt de la communauté.A cet égard,la technologie
peut permettre d'exhiber, de rendre visible et d'organiser une
compréhension de ces dispositifs.
Au sein de l'entreprise, les hiérarchies ne vont pas disparaître,
mais leur rôle va évoluer en profondeur. Le rôle du manage-
ment est de constituer des équipes,de faire travailler les colla-
borateurs les uns avec les autres et de les rendre employables
dans tous les réseaux de compétences qui existent. Les nou-
veaux concepts de management qui émergent vont substituer à
l'organisation structurée, une forme de travail en réseau dans
un environnement multiculturel qui s'étend au-delà du cadre
géographique propre à chacun.
Il sera moins nécessaire pour l'entreprise de disposer d'outils et
de capacité informatiques pour emmagasiner les connaissances,
que de travailler sur le comportement des individus dans la per-
spective de l'organisation apprenante.
Principe 7
La nécessité d'une formation
scientifique, plurielle,
humaniste et… quotidienne
L'accélération sans précédent du rythme de développement des
technologies et les modifications qui en résultent sur le mode
de fonctionnement des entreprises,modifient en profondeur la
stratégie de formation de l'ingénieur.
En effet,lors de sa formation,l'ingénieur pouvait jusqu'à présent
apprendre une technologie,la perfectionner pendant sa vie pro-
fessionnelle et en transmettre l'essentiel à ses successeurs.Au
cours des décennies à venir,il va au contraire rencontrer,durant
sa carrière, plusieurs générations technologiques, qu'il devra
successivement appréhender,maîtriser,puis abandonner,afin de
conserver son efficacité et son rôle dans la société industrielle.
Il doit être préparé à apprendre sans relâche, à gérer sa
connaissance et à la partager avec d'autres, à travers les fonc-
tions les plus variées qu'il sera amené à occuper.
Dans ce but, il doit non seulement apprendre à maîtriser la
démarche scientifique, source de rigueur, mais posséder aussi
une méthode fiable d'acquisition de nouveaux outils,qu'il aura à
utiliser.
En outre, il doit, au cours de cette formation, être confronté à
la nécessité de travailler en réseau dans un environnement mul-
ticulturel,qui stimule son esprit d'ouverture.
Enfin, il doit, afin d'assumer sa responsabilité au sein de la
Société, être capable d'intégrer à sa démarche scientifique, les
facteurs humains, sociologiques et psychologiques, qui assure-
ront sa légitimité,par un comportement citoyen dans sa capaci-
té à dialoguer avec les représentants des mondes politique et
associatif… et à les comprendre.
Porteur d'innovation,il devra contribuer à construire la Société
de demain,en étant capable d'inventer et de remettre en cause
les problématiques les mieux établies.
Plus encore qu'aujourd'hui, la formation de demain sera
continue. Plus encore qu'aujourd'hui, elle requiert des têtes
bien faites plutôt que bien pleines.Le système d'éducation doit
s'y adapter.
Les recommandations
"On ne peut rien enseigner à un homme;
on ne peut que l'aider
à découvrir ce qui est en lui."
GALILEE
Les Universités Technologiques
qui adhèrent au
Manifeste pour la Technologie
s'engagent au-delà de l'excellence de leur
formation technologique à :
FAVORISERle développement des compétences comporte-
mentales et l'attitude citoyenne de leurs étudiants par une péda-
gogie axée sur le développement des aptitudes personnelles.
PERMETTREl'accès des élèves à une culture humaniste
citoyenne et responsable en favorisant la vie associative dans
les domaines éthique, culturel, sportif et humanitaire au sein
de leurs différentes composantes.
IMPULSERle brassage culturel par les échanges internatio-
naux et l'esprit de solidarité en développant la formation des
jeunes issus des pays en voie de développement.
INFORMERles chercheurs et les élèves des risques d'un
usage non maîtrisé de leur expertise,de l'information et de la
communication, et leur enseigner les règles déontologiques
de respect de l'espace public.
UTILISER les moyens technologiques les plus avancés pour
diffuser le plus largement possible la connaissance disponible
et actualisée dont la mise en forme pédagogique sera faite
efficacement grâce à un travail coopératif.
PRIVILEGIERune recherche qui met le progrès au service
de l'Homme dans le respect du principe de précaution en
assurant,avec la mise en garde contre des applications néfas-
tes, une diffusion large et libre des résultats permettant à la
communauté mondiale d'en partager les bénéfices.
ADAPTERleur organisation, leurs moyens et les relations
entre les différentes catégories de personnels (enseignants,
chercheurs, techniciens, administratifs) pour qu'ils soient les
véritables partenaires de leurs usagers (élèves-ingénieurs,
doctorants, ingénieurs en formation continue) qui ont voca-
tion à être les acteurs de leur formation.
Le nouveau serment
d'Archimède
Le nouveau serment
d'Archimède
1. Je pratiquerai ma profession dans le respect d'une
éthique des Droits de l'Homme et de la responsabilité du
patrimoine naturel de l'Humanité.
2. J'assumerai, dans tous les actes de ma vie profession-
nelle, ma responsabilité vis-à-vis de mon institution, de
la société et des générations futures.
3. Je veillerai à promouvoir le respect des rapports équi-
tables entre tous les hommes et à soutenir le développe-
ment des pays économiquement défavorisés.
4. Je veillerai à expliquer mes choix et mes décisions
dans la plus grande transparence possible à l'égard des
décideurs et des citoyens.
5. Je serai attentif à favoriser, dans l'exercice de mes
fonctions, les formes de management qui permettront
une large coopération de tous les acteurs, afin de don-
ner du sens au travail de chacun et à l'innovation.
6. Je m'engage à porter la plus grande attention à
l'expression de l'esprit critique et au respect de la déon-
tologie dans l'usage des moyens d'information et de
communication.
7. Je serai attentif à compléter de manière continue mes
compétences professionnelles dans tous les domaines
des sciences technologiques, économiques, humaines et
sociales requises par l'exercice de mes fonctions.
Le comité de parrainage
Les partenaires
Président
Pr Hubert CURIEN
ancien Ministre,
Président Académie des Sciences
Les membres
Patrick AEBISCHER
Président de l'Ecole
Polytechnique Fédérale de
Lausanne (Suisse)
Daniel BOY
Directeur de Recherches en
sciences politiques au Centre de
Recherche de la Vie Politique
Française
Paul CARO
Directeur de Recherches CNRS,
membre correspondant de
l'Académie des Sciences
Anne-Marie COMPARINI
Présidente du Conseil Régional
Rhône-Alpes
Jacques DELPLANCQ
Directeur délégué du
Président IBM
Yannick D'ESCATHA
Directeur Général
Pôle Industrie EDF
Michel DESTOT
Maire de Grenoble,
Député de l'Isère
Jean-Jacques GAGNEPAIN
Centre National de la Recherche
Scientifique (CNRS)
Directeur du Département
Sciences Pour l'Ingénieur (SPI)
Anne LAUVERGEON
Présidente COGEMA
Jean MANDELBAUM
Consultant NeurAssociés
Jean-Pierre MOHEN
Directeur du Laboratoire de
recherche des Musées de France
Marie-Odile MONTCHICOURT
Journaliste Radio France
Nicole NOTAT
Déléguée Générale CFDT
Pr Riccardo PETRELLA
Université de Louvain-la-Neuve
(Belgique),
Président du Club de Lisbonne
Pr Yves PIETRASANTA
Député Européen
Michel SALOFF-COSTE
PDG MSC et Associés
Pr Jean-Jacques SALOMON
Directeur du Centre Science,
Technologie et Société (STS)
Bernard SAUGEY
Président
Conseil Général de l'Isère
Pr Michel SINTZOFF
Informaticien à l'Université de
Louvain-la-Neuve (Belgique)
Marcel TORRENTS
Directeur Général
Schneider Electric
Le comité de parrainage
Les partenaires
Ministère de l'Education Nationale
Ministère de la Recherche
Centre National de la Recherche
Scientifique
CEAGrenoble
Ville de Grenoble
Conseil Général de l'Isère
Grenoble Alpes Métropole
Région Rhône-Alpes
Schneider Electric
Electricité de France
Gaz de France
Gaz Electricité de Grenoble
St Microelectronics
Hewlett Packard
IBM
Microsoft
Edition du 12 octobre 2000
Conception graphique :Jean-Jacques Barelli
Réalisation :Communication INPGrenoble,Odile Lantz
Imprimerie des Deux-Ponts - Grenoble
Ce Manifeste peut être demandé gratuitement à l'adresse suivante
•Institut National Polytechnique de Grenoble •
46, avenue Félix Viallet •38031 GRENOBLE CEDEX 1 • FRANCE
Tél. + 33 (0)4 76 57 45 11 • Fax + 33 (0)4 76 57 45 92
Internet : www.inpg.fr • E-mail : Odile.Lantz@inpg.fr
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