samedi 14 avril 2012
… Question à Daniel Meurois …
Dans le Tourbillon de la vie, sollicité (e) de toutes parts, on ne réalise pas souvent que
l'on passe son temps à réagir en étant presque prisonnier du monde des pensées et des émotions.
Comment éviter de se laisser prendre à ce jeu et comment en sortir ?
En tant qu'humains, nous sommes nécessairement des êtres de pensée et d'émotion. Il ne faut surtout pas
oublier qu'avant d'être - dans certains cas - des handicaps, nos facultés intellectuelles, mentales et émotionnelles
sont de précieux outils. Sans ceux-ci, notre conscience stagnerait car c'est ce que nous sommes capables de penser
et d'éprouver qui nous permet d'avancer peu à peu vers davantage d'espace intérieur. La difficulté est de ne pas
nous laisser déborder par nos facultés mentales et émotionnelles… sans les rejeter pour autant. Toute
harmonie se base sur une forme d'équilibre.
En ce qui me concerne, je me suis habitué depuis fort longtemps, comme je l'ai déjà dit, à ne jamais perdre
de vue que je suis un acteur au cœur d'une immense pièce de théâtre et que rien n'est donc jamais si ¨grave¨
ni si important que les événements le laissent souvent paraître. Cette attitude me donne assez facilement un regard déconditionnant, une sorte de réflexe par lequel les ¨barreaux de la prison¨ s'écartent d'eux-mêmes. Je n'ai pas de
recette à donner pour cultiver cette capacité à se distancer des tourmentes liées à notre réalité sociale et affective.
Toutefois, ce qui m'a aidé et m'aide encore c'est surtout la volonté soutenue et constante de ne pas tourner
en rond dans les éternels schémas que j'observe dans notre monde. Le fait de chercher à être actif, de créer,
de servir, bref de construire du beau et du bon aide certainement à moins se centrer sur les fragilités de
notre personnalité, à moins ¨déraper¨ du côté des parasites mentaux et des débordements émotionnels.
L'anxiété et l'angoisse sont fort répandues de nos jours. Les formes-pensées et les émotions qui sont
en lien avec elles peuvent générer une véritable prison pour les gens qui en souffrent. Comment, à votre
avis, prévenir au mieux ce genre de situation ?
J'ai constaté qu'il y a très souvent un facteur héréditaire ou encore éducationnel à la base de l'anxiété et
de l'angoisse. Le problème est donc fréquemment lié à une programmation familiale et sociale très insidieuse.
Comment enrayer une telle façon d'être ?
Il existe bien sûr toutes les techniques traditionnelles de méditation dont le but très clair est justement de faire
progressivement naître la sérénité. Tout le monde, cependant, n'est pas attiré par ce genre de travail sur soi ou
encore, pour de multiples raisons, n'a pas la possibilité de le pratiquer régulièrement.
Face à cette situation ma réponse est simple : la voie du service peut être une véritable solution. Lorsqu'on
commence à se préoccuper concrètement d'autrui, qu'on cherche à améliorer le monde, on se met rapidement
à prendre de la distance par rapport à nos propres peurs et à tout ce qui tourne autour d'elles.
Pourquoi ? Parce qu'on n'a plus assez de temps pour cela. On se tourne d'avantage vers l'extérieur que vers
nos fragilités intérieures. Cette attitude nous ramène pourtant rapidement vers un autre intérieur, beaucoup plus
secret et beau, celui du fond du lac de notre âme, là où il n'y a pas de remous. La vraie nature des choses nous
apparaît alors peu à peu, une forme de sérénité en émerge et nos angoisses se dissolvent sans même qu'on
s'en aperçoive. La solution à beaucoup de nos difficultés se trouve dans le mécanisme du don.
Entrevue réalisée par Isab'ailes et Michel dans le cadre du Projet Étincelles
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