Une Nouvelle Culture Politique (3)
Au cœur de la Politique Intégrale : l'Intelligence du Cœur
Dans le texte ci-dessous, Monique Centeno, co-présidente de Politique Intégrale Suisse, évoque l'Intelligence du Cœur qui fonde et féconde une politique intégrale.
L'Intelligence du Coeur, qu'est-ce que c'est ? Monique Centeno
Nous vivons aujourd'hui une expérience passionnante: en poussant notre intelligence mentale toujours plus loin, nous réussissons à créer des concepts toujours plus complexes. Dans tous les domaines, la technologie avance à pas de géant vers le progrès, vers toujours plus de confort.
Mais la médaille a une autre face, tout aussi réelle: le visage de notre société est aussi en mutation. Manipulation, abus, irrespect, contrôle, jugement, peur, égocentrisme, pressions inhumaines dans tous les domaines en commençant déjà par l'école – pour être conforme, compétitif, adéquat à une forme-pensée collective qui exige que nous générions du profit. Solitude, perte de sens, déprime, mal-être font partie de cette même société.
Nos libertés disparaissent aussi vite que les espèces vivantes de la Terre. Nous sommes tous les jours confrontés à faire des choix «ou bien, ou bien» – «oui ou non» (cela ne vous rappelle-t-il pas le système binaire de nos ordinateurs?).
Pourquoi en sommes-nous là ? Il y a longtemps, nous avons choisi d'ériger notre intelligence mentale en seul et unique maître à bord. Mais quel est le rôle de notre cerveau? En tout premier lieu, il est responsable de la survie et du bon fonctionnement de notre cops physique dans ce monde. Et pour cela il est d'une efficacité redoutable, heureusement pour nous. Pour accomplir sa tâche, il doit détecter en une fraction de seconde si la situation qui se présente est potentiellement dangereuse ou non. Pour pouvoir le faire, il doit immédiatement être capable de juger ce qu'il rencontre.
Pour être si rapide, il stocke les informations en les séparant selon des critères. Lorsqu'il rencontre quelque chose de nouveau, il cherche rapidement avec quelle mémoire il peut associer ce «nouveau». S'il n'en trouve pas, il met le nouvel élément dans les «ennemis potentiels» pour ne pas risquer la vie du corps physique (vous voyez le lien avec le racisme ou la mise à l'écart des gens «différents» dans une communauté?).
Pour accomplir son travail, il a naturellement développé le talent d'analyser, de séparer et de zoomer son attention vers des éléments toujours plus petits, pour comprendre, pour contrôler… quitte à perdre totalement la vue d'ensemble. La médecine est un bon exemple, et bien des systèmes scolaires également.
Le cerveau aime ce qu'il connaît, il déteste ce qu'il ne connaît pas. Il aime contrôler, pour être sûr que tout se passe «bien». Nous arrivons aux extrêmes jamais atteints d'une société mentale. Mais pourquoi y a-t-il tant d'effets négatifs avec ce magnifique fonctionnement?
Nous avons oublié quelque chose en route… quelque chose qui garantit notre équilibre et notre bien-être.
Nous l'avons si bien oublié, que notre mental tout-puissant, lorsqu'il rencontre la manifestation de cette part oubliée, l'étouffe immédiatement et décide que cela n'existe pas.
Et pourtant, c'est avec cette part de nous-même que nous trouvons notre inspiration, que nous créons le nouveau, c'est avec elle que nous percevons réellement que nous sommes tous liés, liés au tout, liés à la Vie. C'est avec elle que nous sentons que tout communique, y compris avec nous, et que nous sommes faits de la même «matière» que chaque être vivant, plante, Terre, Univers et que cette «matière» entend, répond, interagit à tout moment.
Il ne sert à rien de l'imaginer mentalement, c'est hors de portée de notre cerveau !
Il faut oser s'arrêter de faire, et être. Les premiers signes qui nous montrent que nous y parvenons est une étincelle de joie qui s'allume dans notre coeur, et le sentiment physique d'être relié à tout ce qui nous entoure. Ensuite, nous découvrons que ce que nous croyions rigide – comme la matière, le temps, les règles de notre société – est en fait très vivant et interagit avec nous.
Nous réalisons que chacune de nos pensées est une énergie et une communication puissante avec notre entourage, et bien plus loin… La vie devient fascinante passionnante et nous devenons naturellement respectueux, créatifs, accueillants, nous pensons les options sur le mode «et… - et…», nous oublions de juger…
Bienvenue dans l'intelligence du coeur! Bienvenue dans l'énergie quantique! Bienvenue au royaume de l'Amour inconditionnel…
Pour être capables de transmettre ces valeurs dans notre société, une seule solution: nous devons vraiment vivre cette part de nous. Il ne suffit pas de «penser» ainsi. Sinon, nous transmettrions à nouveau un concept mental! Avec Politique Intégrale, nous nous sommes donnés ce défi. Cela nous remplit de joie, stimule notre créativité, nous donne de la force et nous unit avec tous les êtres vivants, la Terre, l'Univers, la Vie.
Une logique intégrative
Telle qu'elle est exprimée par Monique Centeno, l'intelligence du cœur obéit à une logique intégrative qui dépasse la logique binaire et distinctive de l'ancien paradigme. Pour les promoteurs d'une politique intégrale savent, il ne peut y avoir de rénovation politique sans un changement de logique et de logiciel culturel. Pour Gary Zemp, lui aussi co-président de Politique Intégrale, la logique intégrative qui fonde l'intelligence du cœur va profondément transformer l'approche que nous avons du champ politique.
L'apparition de la conscience intégrale dans le discours social et politique va modifier la signification de nombreuses notions. Il est également certain que la conscience intégrale nous aidera à manier les paradoxes qui ne peuvent être compris par les seules compréhension et raison, c'est à dire avec une solution « ou bien – ou bien ». Le paradoxe ne peut se percevoir que si nous autorisons une approche de solution « et – et ».
Un parti intégral représente ce paradoxe, puisque les partis existants se profilent d'autant plus puissamment qu'ils imposent leurs idées en excluant celles des autres, et qu'ils coupent leurs membres des gens ayant d'autres opinions. Un parti intégral sera au contraire très ouvert et inclura les idées des autres. Il essaiera d'intégrer dans ses réflexions toutes les perspectives possibles à prendre en compte et tous les humains, êtres vivants, la Terre et toute la création.
Il partira du principe que tout est lié au tout, et ne créera donc pas ses visions et ses projets depuis la tête, mais principalement depuisl'intelligence du coeur. Il tend vers un renouvellement profond de la vie en société. Il concentrera les forces intégrales de notre pays au niveau politique et répondra aux défis de la vie sociale avec des propositions de solutions politiques qui sont au service de tous les humains et de tout l'environnement.
Un nouvel imaginaire politique
Co-fondateur du Parti Intégral, Alexandre Burnand sera présent lors de la journée du 24 Mai de l'Université intégrale sur le thème « Société et Politiques Intégrales ». Il décrit le processus d'élaboration collective qui permet d'exprimer le nouvel imaginaire politique inspiré par l'intelligence du coeur :
Il s'agit d'une quête collective de dépassement par laquelle les membres du groupe tentent de s'extraire des enfermements idéologiques issus de la bataille politique séculaire entre le camp de la droite et celui de la gauche… Ce n'est donc pas une mince affaire, notamment lorsque nous sommes confrontés à des notions aussi chargées de sens – ou de non-sens… – « qu'étrangers », « compétitivité », « Etat » ou « croissance économique », abordées à travers les diverses votations fédérales ou les papiers de position de Politique Intégrale en construction.
Le champ sémantique de la politique fonctionne comme des limitations à la liberté d'un renouvellement des idées et des actions, c'est-à-dire à la création d'un nouvel imaginaire politique, pour reprendre les termes d'Edgar Morin. Néanmoins, les discussions collectives et l'utilisation de la boussole intégrale nous aident à construire petit à petit un vocable qui dessine les contours des nouvelles pistes à suivre.
Son accent est positif car il donne une large place à l'actuel changement de conscience individuelle et collective que nous vivons et espérons tous. Nous sentons intérieurement que l'idée de démocratie sera appelée à fortement évoluer, voire même à se métamorphoser, afin que compétition économique et exclusions sociales en viennent finalement – et joyeusement ! - à pâlir devant la lumière éclatante de laparticipation citoyenne, de l'éthique financière, de l'inclusion et de l'échange multiculturels…
( Le texte de Monique Centeno est tiré de la Newsletter 5/10 de Politique Intégrale, celui de Gary Zemp est tiré de la Newsletter 4/10 et celui d'Alexandre Burnand de la Newsletters 1/11. Il est possible de recevoir la Newsletter de Politique Intégrale en s'inscrivant ici. )
Dans le texte ci-dessous, Monique Centeno, co-présidente de Politique Intégrale Suisse, évoque l'Intelligence du Cœur qui fonde et féconde une politique intégrale.
L'Intelligence du Coeur, qu'est-ce que c'est ? Monique Centeno
Nous vivons aujourd'hui une expérience passionnante: en poussant notre intelligence mentale toujours plus loin, nous réussissons à créer des concepts toujours plus complexes. Dans tous les domaines, la technologie avance à pas de géant vers le progrès, vers toujours plus de confort.
Mais la médaille a une autre face, tout aussi réelle: le visage de notre société est aussi en mutation. Manipulation, abus, irrespect, contrôle, jugement, peur, égocentrisme, pressions inhumaines dans tous les domaines en commençant déjà par l'école – pour être conforme, compétitif, adéquat à une forme-pensée collective qui exige que nous générions du profit. Solitude, perte de sens, déprime, mal-être font partie de cette même société.
Nos libertés disparaissent aussi vite que les espèces vivantes de la Terre. Nous sommes tous les jours confrontés à faire des choix «ou bien, ou bien» – «oui ou non» (cela ne vous rappelle-t-il pas le système binaire de nos ordinateurs?).
Pourquoi en sommes-nous là ? Il y a longtemps, nous avons choisi d'ériger notre intelligence mentale en seul et unique maître à bord. Mais quel est le rôle de notre cerveau? En tout premier lieu, il est responsable de la survie et du bon fonctionnement de notre cops physique dans ce monde. Et pour cela il est d'une efficacité redoutable, heureusement pour nous. Pour accomplir sa tâche, il doit détecter en une fraction de seconde si la situation qui se présente est potentiellement dangereuse ou non. Pour pouvoir le faire, il doit immédiatement être capable de juger ce qu'il rencontre.
Pour être si rapide, il stocke les informations en les séparant selon des critères. Lorsqu'il rencontre quelque chose de nouveau, il cherche rapidement avec quelle mémoire il peut associer ce «nouveau». S'il n'en trouve pas, il met le nouvel élément dans les «ennemis potentiels» pour ne pas risquer la vie du corps physique (vous voyez le lien avec le racisme ou la mise à l'écart des gens «différents» dans une communauté?).
Pour accomplir son travail, il a naturellement développé le talent d'analyser, de séparer et de zoomer son attention vers des éléments toujours plus petits, pour comprendre, pour contrôler… quitte à perdre totalement la vue d'ensemble. La médecine est un bon exemple, et bien des systèmes scolaires également.
Le cerveau aime ce qu'il connaît, il déteste ce qu'il ne connaît pas. Il aime contrôler, pour être sûr que tout se passe «bien». Nous arrivons aux extrêmes jamais atteints d'une société mentale. Mais pourquoi y a-t-il tant d'effets négatifs avec ce magnifique fonctionnement?
Nous avons oublié quelque chose en route… quelque chose qui garantit notre équilibre et notre bien-être.
Nous l'avons si bien oublié, que notre mental tout-puissant, lorsqu'il rencontre la manifestation de cette part oubliée, l'étouffe immédiatement et décide que cela n'existe pas.
Et pourtant, c'est avec cette part de nous-même que nous trouvons notre inspiration, que nous créons le nouveau, c'est avec elle que nous percevons réellement que nous sommes tous liés, liés au tout, liés à la Vie. C'est avec elle que nous sentons que tout communique, y compris avec nous, et que nous sommes faits de la même «matière» que chaque être vivant, plante, Terre, Univers et que cette «matière» entend, répond, interagit à tout moment.
Il ne sert à rien de l'imaginer mentalement, c'est hors de portée de notre cerveau !
Il faut oser s'arrêter de faire, et être. Les premiers signes qui nous montrent que nous y parvenons est une étincelle de joie qui s'allume dans notre coeur, et le sentiment physique d'être relié à tout ce qui nous entoure. Ensuite, nous découvrons que ce que nous croyions rigide – comme la matière, le temps, les règles de notre société – est en fait très vivant et interagit avec nous.
Nous réalisons que chacune de nos pensées est une énergie et une communication puissante avec notre entourage, et bien plus loin… La vie devient fascinante passionnante et nous devenons naturellement respectueux, créatifs, accueillants, nous pensons les options sur le mode «et… - et…», nous oublions de juger…
Bienvenue dans l'intelligence du coeur! Bienvenue dans l'énergie quantique! Bienvenue au royaume de l'Amour inconditionnel…
Pour être capables de transmettre ces valeurs dans notre société, une seule solution: nous devons vraiment vivre cette part de nous. Il ne suffit pas de «penser» ainsi. Sinon, nous transmettrions à nouveau un concept mental! Avec Politique Intégrale, nous nous sommes donnés ce défi. Cela nous remplit de joie, stimule notre créativité, nous donne de la force et nous unit avec tous les êtres vivants, la Terre, l'Univers, la Vie.
Une logique intégrative
Telle qu'elle est exprimée par Monique Centeno, l'intelligence du cœur obéit à une logique intégrative qui dépasse la logique binaire et distinctive de l'ancien paradigme. Pour les promoteurs d'une politique intégrale savent, il ne peut y avoir de rénovation politique sans un changement de logique et de logiciel culturel. Pour Gary Zemp, lui aussi co-président de Politique Intégrale, la logique intégrative qui fonde l'intelligence du cœur va profondément transformer l'approche que nous avons du champ politique.
L'apparition de la conscience intégrale dans le discours social et politique va modifier la signification de nombreuses notions. Il est également certain que la conscience intégrale nous aidera à manier les paradoxes qui ne peuvent être compris par les seules compréhension et raison, c'est à dire avec une solution « ou bien – ou bien ». Le paradoxe ne peut se percevoir que si nous autorisons une approche de solution « et – et ».
Un parti intégral représente ce paradoxe, puisque les partis existants se profilent d'autant plus puissamment qu'ils imposent leurs idées en excluant celles des autres, et qu'ils coupent leurs membres des gens ayant d'autres opinions. Un parti intégral sera au contraire très ouvert et inclura les idées des autres. Il essaiera d'intégrer dans ses réflexions toutes les perspectives possibles à prendre en compte et tous les humains, êtres vivants, la Terre et toute la création.
Il partira du principe que tout est lié au tout, et ne créera donc pas ses visions et ses projets depuis la tête, mais principalement depuisl'intelligence du coeur. Il tend vers un renouvellement profond de la vie en société. Il concentrera les forces intégrales de notre pays au niveau politique et répondra aux défis de la vie sociale avec des propositions de solutions politiques qui sont au service de tous les humains et de tout l'environnement.
Un nouvel imaginaire politique
Co-fondateur du Parti Intégral, Alexandre Burnand sera présent lors de la journée du 24 Mai de l'Université intégrale sur le thème « Société et Politiques Intégrales ». Il décrit le processus d'élaboration collective qui permet d'exprimer le nouvel imaginaire politique inspiré par l'intelligence du coeur :
Il s'agit d'une quête collective de dépassement par laquelle les membres du groupe tentent de s'extraire des enfermements idéologiques issus de la bataille politique séculaire entre le camp de la droite et celui de la gauche… Ce n'est donc pas une mince affaire, notamment lorsque nous sommes confrontés à des notions aussi chargées de sens – ou de non-sens… – « qu'étrangers », « compétitivité », « Etat » ou « croissance économique », abordées à travers les diverses votations fédérales ou les papiers de position de Politique Intégrale en construction.
Le champ sémantique de la politique fonctionne comme des limitations à la liberté d'un renouvellement des idées et des actions, c'est-à-dire à la création d'un nouvel imaginaire politique, pour reprendre les termes d'Edgar Morin. Néanmoins, les discussions collectives et l'utilisation de la boussole intégrale nous aident à construire petit à petit un vocable qui dessine les contours des nouvelles pistes à suivre.
Son accent est positif car il donne une large place à l'actuel changement de conscience individuelle et collective que nous vivons et espérons tous. Nous sentons intérieurement que l'idée de démocratie sera appelée à fortement évoluer, voire même à se métamorphoser, afin que compétition économique et exclusions sociales en viennent finalement – et joyeusement ! - à pâlir devant la lumière éclatante de laparticipation citoyenne, de l'éthique financière, de l'inclusion et de l'échange multiculturels…
( Le texte de Monique Centeno est tiré de la Newsletter 5/10 de Politique Intégrale, celui de Gary Zemp est tiré de la Newsletter 4/10 et celui d'Alexandre Burnand de la Newsletters 1/11. Il est possible de recevoir la Newsletter de Politique Intégrale en s'inscrivant ici. )
DIMANCHE 1 MAI 2011
Une Nouvelle Culture Politique (2)
Samedi prochain aura lieu à Berne, en Suisse, la création officielle de Politique Intégrale Suisse, le premier mouvement politique inspiré par une vision intégrale et fondé sur « l' intelligence du cœur ».
Le rôle de l'intersubjectivité
Dans une modernité encore régie par les principes technocratiques d'objectivation et d'abstraction, l'originalité d'une politique intégrale est de prendre en compte l'intersubjectivité à partir de laquelle se constituent la culture d'un peuple et l'identité de ses membres.Toute société n'est-elle pas, en fin de compte, l'expression d'un consensus culturel permettant aux individus d'interpréter et de partager leurs expériences en référence à une même « vision du monde ».
Dans la perspective « développementale» qui est celle du paradigme intégral, l'évolution culturelle est faite d'une série de stades évolutifs traversés par l'humanité au cours de sa longue histoire. Les évolutions cognitives et épistémologiques déterminent la transformation des médiations culturelles et de l'organisation sociale qui vont à leur tour rétroagir sur les premières en les modifiant.
La politique intégrale met donc la culture au cœur du débat politique, l'épistémologie au cœur du débat culturel et l'évolution cognitive au cœur du débat épistémologique. A chaque stade évolutif correspond effectivement une nouvelle manière de voir le monde qui fait écho au développement des facultés cognitives et morales.
Ce développement a pour conséquence l'émergence de nouvelles formes de pensée et de sensibilité qui impliquent, littéralement, une épistémologie c'est-à-dire une façon d'interpréter notre expérience, une éthique c'est-à-dire un ensemble de valeurs sur lesquelles est fondé la vie commune ainsi qu'une esthétique c'est-à-dire une façon de percevoir et de ressentir.
La crise est dans nos têtes
Il existe un consensus chez les observateurs les plus éclairés des mutations sociales : notre époque est marquée par la fin du cycle de la modernité fondé sur un paradigme utilitaire et réductionniste. Depuis trois décennies, le sociologue Michel Maffesoli analyse les prémisses d'une post-modernité fondée sur un nouveau paradigme, organique et relationnel. Il vient juste de faire paraître un nouvel ouvrage intitulé La Crise est dans nos têtes:
«La crise n'est pas dans les faits, mais dans nos têtes. Désormais, nous ne voulons plus perdre notre vie à la gagner. Le règne du qualitatif détrône le progrès et sa tyrannie du quantitatif, l'écologique destitue l'économique, la consumation remplace la consommation. Au regard du nouveau monde qui s'avance, la querelle des chiffres que se jettent au visage les savants s'apparente ainsi au vieux débat sur le sexe des anges. L'économie est seconde, le sociétal est premier. Le sociologue brosse ainsi un portrait de l'époque qu'il nous invite à ne plus regarder de haut, mais de l'intérieur. »
Ne plus regarder de haut, de cette manière abstraite et arrogante inspirée par une culture de domination observant les phénomènes de l'extérieur comme autant d'objets sans relation avec ce que nous sommes, mais participer de l'intérieur à la dynamique évolutive dont ces phénomènes sont l'expression manifeste: voilà l'évolution épistémologique qui permet de participer à la nouvelle « vision du monde » en train d'émerger.
Un nouvel espace cognitif
Le problème de nos sociétés développés vient du fait que l'oligarchie au pouvoir, tout comme les partis politiques, participent d'unemodernité utilitariste – objectiviste et réductionniste – qui n'est plus vraiment en phase avec les valeurs profondes – holistes et relationnelles – qui inspirent et animent la conscience collective en ce début de millénaire.
Il existe un hiatus de plus en plus grand entre les élites institutionnelles et les profondeurs de la société où se tissent de nouvelles formes de pensée, de sensibilité et de lien social. Ce hiatus renvoie à la distinction que faisait, en son temps, Auguste Comte entre «pays légal» et «pays réel». Les politiques défendues par les élites institutionnelles ne correspondent plus ni à l'évolution du lien social, ni à celle de l'imaginaire collectif et des représentations culturelles.
Comme l'écrivent les promoteurs de l'Université Intégrale dans la présentation de leur journée du 24 mai dont le thème est : « La société et les politiques intégrales » : « Les forces politiques qu'elles soient de droite, de gauche ou même écologiques sont restées dans une grande mesure enfermées dans une vision réductionniste, scientiste et mécaniste. Cependant la crise actuelle remet en cause ces bases même de notre pensée. Einstein explique très bien cette problématique lorsqu'il souligne qu'on ne peut pas résoudre un problème à l'intérieur même du système de pensée qui l'a produit.
La crise systémique sociétale que nous traversons est structurelle. Aucune des traditionnelles « recettes politiques » que nous connaissons déjà (libéralisation des marchés, redistribution sociale, préservation marginale de la nature) ne peuvent répondre à l'ampleur de la problématique. Nous avons besoin d'une nouvelle épistémologie, basée sur les recherches transdisciplinaires les plus avancées en philosophie, sciences économiques, sociales et technologiques, à partir de l'approche systémique, holistique et intégrale.
Nous pouvons imaginer un nouveau système économique, social et écologique qui articule le long moyen et court terme de manière vertueuse ; un espace cognitif où science, art et spiritualité aient leur place dans une véritable culture laïque et intégrale du développement humain. Tel est le projet d'une véritable politique de civilisation.»
Une cognition intégrative
L'émergence d'un paradigme intégratif implique les transformations de la conscience collective, du consensus épistémologique jusqu'aux médiations culturelles. C'est à l'intérieur de ce nouvel espace cognitif que peuvent être imaginées des formes d'organisation sociales adaptées à l'évolution des mentalités et du lien social. Toute pensée politique qui ne s'inscrirait pas dans cette dynamique est dores et déjà condamnée à la désuétude et à l'obsolescence.
D'où le désintérêt et la désertion de l'opinion public pour une politique institutionnelle qui cherche à résoudre les problèmes en utilisant toujours les modes de pensée qui les ont générés, et ce, alors même que le rôle des partis politiques est de proposer et de promouvoir des formes d'organisation sociale correspondant à la dynamique de l'évolution culturelle.
C'est bien parce que les partis ne jouent plus ce rôle créatif, empêtrés qu'ils sont dans des tactiques électoralistes à court terme et à courte vue, qu'en ce Printemps du Nouveau Monde fleurit un bouquet d'initiatives qui visent toutes à instaurer un nouvel imaginaire politique correspondant aux valeurs émergentes. On retrouve ce phénomène de créativité spontanée dans toutes les grandespériodes de transition culturelle quand les "élites" ne sont plus à même d'exprimer les aspiration des peuples et des générations montantes.
Dans Le Journal Intégral, nous avons évoqué à de multiples reprises ce nouvel espace cognitif dans lequel entre la pointe la plus avancée de l'humanité. Cette nouvelle perspective est fondée sur l'association et l'intégration du paradigme relationnel de la tradition, duparadigme rationnel de la modernité et du paradigme pluraliste de la post-modernité.
C'est dans l'athanor de ce nouvel espace qu'émerge une forme de cognition intégrative qui associe les facultés mimétiques – analogiques et empathiques – de la sensibilité, les facultés distinctives – abstraites et conceptuelles – de la raison ainsi que lesfacultés symboliques – créatrices et poétiques – de l'intuition.
Autrement dit un processus d'intégration cognitive entre l'œil de chair, l'œil de raison et l'œil de contemplation, tels qu'ils sont définis par St Bonaventure et repris par Ken Wilber dans Les Trois Yeux de la Connaissance.
Cette forme de cognition intégrative, Raoul Vaneigem la nomme l'intelligence sensible, Edgar Morin, la raison ouverte, Bertolt Brecht, la Grande Méthode, Michel Maffesoli, la raison sensible, Politique Intégrale Suisse, l'intelligence du coeur, pendant que de nombreux auteurs la dénomment de multiples autres façons.
"Politique Intégrale France"
Tous ceux qui désirent savoir quel projet politique peut naître de ce nouvel espace cognitif peuvent se référer au site de Politique Intégrale. Ils pourront y lire notamment quatre « papiers de position » présentant le point de vue de Politique Intégrale sur la société intégrale, lasanté intégrale, l'éducation intégrale et l'économie intégrale.
De quoi donner à réfléchir et inspirer ceux qui voudraient s'engager dans le débat public en transposant une telle initiative dans le contexte d'une culture hexagonale profondément abstraite et analytique. Et poser ainsi les bases ce que sera Politique Intégrale France !...
Dans une modernité encore régie par les principes technocratiques d'objectivation et d'abstraction, l'originalité d'une politique intégrale est de prendre en compte l'intersubjectivité à partir de laquelle se constituent la culture d'un peuple et l'identité de ses membres.Toute société n'est-elle pas, en fin de compte, l'expression d'un consensus culturel permettant aux individus d'interpréter et de partager leurs expériences en référence à une même « vision du monde ».
Dans la perspective « développementale» qui est celle du paradigme intégral, l'évolution culturelle est faite d'une série de stades évolutifs traversés par l'humanité au cours de sa longue histoire. Les évolutions cognitives et épistémologiques déterminent la transformation des médiations culturelles et de l'organisation sociale qui vont à leur tour rétroagir sur les premières en les modifiant.
La politique intégrale met donc la culture au cœur du débat politique, l'épistémologie au cœur du débat culturel et l'évolution cognitive au cœur du débat épistémologique. A chaque stade évolutif correspond effectivement une nouvelle manière de voir le monde qui fait écho au développement des facultés cognitives et morales.
Ce développement a pour conséquence l'émergence de nouvelles formes de pensée et de sensibilité qui impliquent, littéralement, une épistémologie c'est-à-dire une façon d'interpréter notre expérience, une éthique c'est-à-dire un ensemble de valeurs sur lesquelles est fondé la vie commune ainsi qu'une esthétique c'est-à-dire une façon de percevoir et de ressentir.
La crise est dans nos têtes
Il existe un consensus chez les observateurs les plus éclairés des mutations sociales : notre époque est marquée par la fin du cycle de la modernité fondé sur un paradigme utilitaire et réductionniste. Depuis trois décennies, le sociologue Michel Maffesoli analyse les prémisses d'une post-modernité fondée sur un nouveau paradigme, organique et relationnel. Il vient juste de faire paraître un nouvel ouvrage intitulé La Crise est dans nos têtes:
«La crise n'est pas dans les faits, mais dans nos têtes. Désormais, nous ne voulons plus perdre notre vie à la gagner. Le règne du qualitatif détrône le progrès et sa tyrannie du quantitatif, l'écologique destitue l'économique, la consumation remplace la consommation. Au regard du nouveau monde qui s'avance, la querelle des chiffres que se jettent au visage les savants s'apparente ainsi au vieux débat sur le sexe des anges. L'économie est seconde, le sociétal est premier. Le sociologue brosse ainsi un portrait de l'époque qu'il nous invite à ne plus regarder de haut, mais de l'intérieur. »
Ne plus regarder de haut, de cette manière abstraite et arrogante inspirée par une culture de domination observant les phénomènes de l'extérieur comme autant d'objets sans relation avec ce que nous sommes, mais participer de l'intérieur à la dynamique évolutive dont ces phénomènes sont l'expression manifeste: voilà l'évolution épistémologique qui permet de participer à la nouvelle « vision du monde » en train d'émerger.
Un nouvel espace cognitif
Le problème de nos sociétés développés vient du fait que l'oligarchie au pouvoir, tout comme les partis politiques, participent d'unemodernité utilitariste – objectiviste et réductionniste – qui n'est plus vraiment en phase avec les valeurs profondes – holistes et relationnelles – qui inspirent et animent la conscience collective en ce début de millénaire.
Il existe un hiatus de plus en plus grand entre les élites institutionnelles et les profondeurs de la société où se tissent de nouvelles formes de pensée, de sensibilité et de lien social. Ce hiatus renvoie à la distinction que faisait, en son temps, Auguste Comte entre «pays légal» et «pays réel». Les politiques défendues par les élites institutionnelles ne correspondent plus ni à l'évolution du lien social, ni à celle de l'imaginaire collectif et des représentations culturelles.
Comme l'écrivent les promoteurs de l'Université Intégrale dans la présentation de leur journée du 24 mai dont le thème est : « La société et les politiques intégrales » : « Les forces politiques qu'elles soient de droite, de gauche ou même écologiques sont restées dans une grande mesure enfermées dans une vision réductionniste, scientiste et mécaniste. Cependant la crise actuelle remet en cause ces bases même de notre pensée. Einstein explique très bien cette problématique lorsqu'il souligne qu'on ne peut pas résoudre un problème à l'intérieur même du système de pensée qui l'a produit.
La crise systémique sociétale que nous traversons est structurelle. Aucune des traditionnelles « recettes politiques » que nous connaissons déjà (libéralisation des marchés, redistribution sociale, préservation marginale de la nature) ne peuvent répondre à l'ampleur de la problématique. Nous avons besoin d'une nouvelle épistémologie, basée sur les recherches transdisciplinaires les plus avancées en philosophie, sciences économiques, sociales et technologiques, à partir de l'approche systémique, holistique et intégrale.
Nous pouvons imaginer un nouveau système économique, social et écologique qui articule le long moyen et court terme de manière vertueuse ; un espace cognitif où science, art et spiritualité aient leur place dans une véritable culture laïque et intégrale du développement humain. Tel est le projet d'une véritable politique de civilisation.»
Une cognition intégrative
L'émergence d'un paradigme intégratif implique les transformations de la conscience collective, du consensus épistémologique jusqu'aux médiations culturelles. C'est à l'intérieur de ce nouvel espace cognitif que peuvent être imaginées des formes d'organisation sociales adaptées à l'évolution des mentalités et du lien social. Toute pensée politique qui ne s'inscrirait pas dans cette dynamique est dores et déjà condamnée à la désuétude et à l'obsolescence.
D'où le désintérêt et la désertion de l'opinion public pour une politique institutionnelle qui cherche à résoudre les problèmes en utilisant toujours les modes de pensée qui les ont générés, et ce, alors même que le rôle des partis politiques est de proposer et de promouvoir des formes d'organisation sociale correspondant à la dynamique de l'évolution culturelle.
C'est bien parce que les partis ne jouent plus ce rôle créatif, empêtrés qu'ils sont dans des tactiques électoralistes à court terme et à courte vue, qu'en ce Printemps du Nouveau Monde fleurit un bouquet d'initiatives qui visent toutes à instaurer un nouvel imaginaire politique correspondant aux valeurs émergentes. On retrouve ce phénomène de créativité spontanée dans toutes les grandespériodes de transition culturelle quand les "élites" ne sont plus à même d'exprimer les aspiration des peuples et des générations montantes.
Dans Le Journal Intégral, nous avons évoqué à de multiples reprises ce nouvel espace cognitif dans lequel entre la pointe la plus avancée de l'humanité. Cette nouvelle perspective est fondée sur l'association et l'intégration du paradigme relationnel de la tradition, duparadigme rationnel de la modernité et du paradigme pluraliste de la post-modernité.
C'est dans l'athanor de ce nouvel espace qu'émerge une forme de cognition intégrative qui associe les facultés mimétiques – analogiques et empathiques – de la sensibilité, les facultés distinctives – abstraites et conceptuelles – de la raison ainsi que lesfacultés symboliques – créatrices et poétiques – de l'intuition.
Autrement dit un processus d'intégration cognitive entre l'œil de chair, l'œil de raison et l'œil de contemplation, tels qu'ils sont définis par St Bonaventure et repris par Ken Wilber dans Les Trois Yeux de la Connaissance.
Cette forme de cognition intégrative, Raoul Vaneigem la nomme l'intelligence sensible, Edgar Morin, la raison ouverte, Bertolt Brecht, la Grande Méthode, Michel Maffesoli, la raison sensible, Politique Intégrale Suisse, l'intelligence du coeur, pendant que de nombreux auteurs la dénomment de multiples autres façons.
"Politique Intégrale France"
Tous ceux qui désirent savoir quel projet politique peut naître de ce nouvel espace cognitif peuvent se référer au site de Politique Intégrale. Ils pourront y lire notamment quatre « papiers de position » présentant le point de vue de Politique Intégrale sur la société intégrale, lasanté intégrale, l'éducation intégrale et l'économie intégrale.
De quoi donner à réfléchir et inspirer ceux qui voudraient s'engager dans le débat public en transposant une telle initiative dans le contexte d'une culture hexagonale profondément abstraite et analytique. Et poser ainsi les bases ce que sera Politique Intégrale France !...
MARDI 26 AVRIL 2011
Une Nouvelle Culture Politique (1)
Dans le contexte particulier qui est celui du Printemps du Nouveau Monde dont nous nous sommes fait ici l'écho, la création officielle du parti Politique Intégrale Suisse à Berne, le Samedi 7 mai, est l'expression emblématique d'une nouvelle culture politique.
Dans notre dernier billet, Ken Wilber analysait ce que pourrait être une politique intégrale. A partir de l'exemple de Politique Intégrale Suisse, nous poursuivrons cette analyse en cherchant à mieux comprendre comment un parti politique peut traduire ce nouveau stade de l'évolution culturelle qu'est la « vision intégrale » à travers de nouvelles formes d'organisation sociale...
Un athanor multiculturel
Souvent considérée comme la plus ancienne démocratie du monde, la Suisse est ce pays de sept millions d'habitant où plusieurs langues et cultures – allemande, française et italienne – se côtoient et se métissent pour donner naissance à des œuvres singulières. Né à Genève, Jean Jacques Rousseau (1712-1778) écrit en 1762 « Du Contrat Social » où il pose les bases conceptuelles des démocraties modernes.
Encore très largement méconnu en France, Jean Gebser (1905-1973) a, lui aussi, un rôle de précurseur pour la période post-moderne dans laquelle nous sommes entrés. Ce grand théoricien de l'évolution culturelle a écrit la majeure partie de son œuvre à Berne où aura lieu la création officielle de Politique Intégrale. En 1953, il identifia ainsi les divers stades de l'évolution culturelle : archaïque-instinctif, magique-égocentrique, mythique-traditionnel, mental-rationnel, intégral. Ken Wilber repris cette classification en distinguant deux niveaux dans le stade évolutif qualifié d'intégral par Gebser : le stade pluraliste-post-moderne et le stade intégral proprement dit.
Autre grand penseur suisse, de culture francophone, Jean Piaget (1896-1980) est le pionnier de la psychologie du développement et de ce qu'il nomme « l'épistémologie génétique ». Ses recherches sur les divers stades du développement cognitif de l'enfant ont profondément inspiré les penseurs « intégralistes ».
Une longue tradition
La dimension multiculturelle propre à la Suisse rend ses habitants particulièrement sensibles à toutes les démarches permettant de mieux comprendre les interactions entre les cultures. Rien d'étonnant donc à ce que ce soit dans cet athanor multiculturel qu'une alchimie particulière ait permis la création du premier parti politique inspiré par une vision intégrale. Via la Suisse allemande, la culture allemande a une grande influence dans la création de ce parti.
Les cultures germaniques et anglo-saxonnes ont ceci en commun qu'elles ont tendance à percevoir l'expérience humaine comme l'expression vécue et concrète d'une force dynamique. Et ceci alors que les cultures latines, d'origine romaine et judéo-chrétienne, sont plus focalisées sur la définition conceptuelle de formes abstraites.
Des mystiques rhénans à Goethe, de Hölderlin à Novalis, de Hegel à Rudolf Steiner en passant par Fichte et Schelling, la pensée allemande est l'héritière d'une longue tradition visionnaire – à la fois mystique, romantique et idéaliste – qui conçoit la culture comme l'expression d'une dynamique – celle de la vie et de l'Esprit – et la société comme l'expression organique de cette culture.
C'est cette tradition que le génie de Nietzsche a interprété sous la forme d'une philosophie vitaliste qui est le maillon d'une chaîne reliantla Volonté de Schopenhauer à la Libido de Freud. C'est cette tradition que le nazisme a perverti au service d'une idéologie criminelle à la fois raciale et ethnique.
Un mouvement intégral
En analysant la dérive criminelle du nazisme, en questionnant les limites du vitalisme nietzschéen et celles du réductionnisme freudien qui en est l'avatar, la nouvelle génération allemande a peu à peu retrouvé les sources visionnaires qui sont au cœur d'une tradition culturelle profondément intuitive. Ce faisant, elle perçoit dans la pensée intégrale la formulation d'une approche globale et dynamique propre à cette tradition, mais adaptée au temps post-moderne d'une « société fluide » de l'information et de l'interconnexion.
Ceci explique pourquoi, depuis deux décennies, la pensé intégrale – via les travaux de Ken Wilber et de Jean Gebser – suscitent un grand intérêt et rencontrent un profond écho en Allemagne et, via la Suisse allemande, en Suisse. C'est ainsi qu'un mouvement intégral s'est développé en Allemagne et en Suisse à partir de plusieurs réseaux qui ont organisé en 2008 à St Arbogast (Autriche) un Congrès pour une Politique Intégrale afin de définir et d'approfondir la nouvelle culture politique née d'une approche intégrale. Un second congrès sera organisé en 2012 avec des actions similaires dans d'autres pays européens.
Ce mouvement intégral s'interroge sur la façon de traduire la dynamique de rénovation culturelle propre à la « vision intégrale » en formes novatrices d'organisation sociale. La réflexion d'un groupe de travail chargé de concilier la vision intégrale des participants avec la notion de parti est à l'origine du texte suivant, disponible sur le site de Politique Intégrale, et intitulé : Pourquoi un parti ?
Pourquoi un parti ? Politique Intégrale Suisse
Parti et « intégral » sont en contradiction ! C'est ce qu'on entend parfois parmi les sympathisants de PI (Politique Intégrale) : lorsqu'on a une approche « intégrale » pourquoi justement vouloir créer un parti ? L'idée de parti implique une séparation - être une partie - alors qu'« intégral » veut plutôt relier et conserver une vision d'ensemble Les partis se battent les uns contre les autres et utilisent souvent des tons durs qui n'ont rien d'intégral.
Nous ne sommes qu'une partie
La perception, la pensée et la conscience intégrales ne constituent qu'une partie de l'éventail des opinions de la société. Parmi toutes les «visions du monde », la vision intégrale n'en est qu'une parmi d'autres et est encore très marginale. C'est pourquoi il est justifié de nous considérer comme une partie de l'éventail des visions du monde. Cette partie, ce parti va toutefois considérer les problèmes de manière intégrale et apporter des solutions à caractère intégral. PI ne peut et n'a pas le droit de parler au nom de tout le monde même si elle est prête, si possible sans préjugés, à considérer tous les avis et perspectives. PI va en outre se donner la peine, dans sa communication, de pratiquerun style politique basé sur le respect, l'attention et la collaboration constructive.
Partie d'un mouvement
PI est une partie d'un large mouvement intégral, une vague philosophico-historique qui représente une nouvelle forme de conscience. PI est son bras ou son aspect politique. L'époque mentale-rationnelle qui s'imposa vers la fin du Moyen-Âge amena ladémocratie et avec elle, les partis politiques traditionnels. Le mode de pensée pluraliste-holistique qui s'épanouit dans les années soixante, donna naissance aux mouvements écologistes, pacifistes et tiers-mondistes (68tars, flower-power, les verts). La conscience intégrale a maintenant besoin d'un bras politique intégral.
Le développement de la conscience intégrale est l'oeuvre de nombreux acteurs. Des personnalités telles qu'Einstein, Picasso, Sri Aurobindo, Jean Gebser, Ken Wilber, Susanne Cook-Greuter, Jane Loevinger et Don Beck, pour n'en citer que quelques unes, ont fait office de pionniers. Le mot « intégral » qui signifie plus que „total" ou „holistique" (voir les "Fondements de la politique intégrale" chapitres 1 et 2) a probablement été introduit par Gebser vers 1948.
D'autres acteurs tels que clubs, réseaux, associations, forums, instituts, universités diffusent cette nouvelle conscience et continuent à développer cette pensée. Certains centres de formation et leurs enseignants ont également grandement contribué par leur travail au développement de conscience des êtres humains. Tout ceci fait que des citoyens et des citoyennes peuvent et veulent maintenant s'engager de manière intégrale.
L'envie de prendre ses responsabilités
Les personnes sur le chemin de la conscience intégrale ont besoin de moyens sociaux et politiques pour pouvoir construire une société intégrale. Elles adaptent tout d'abord leur style de vie individuel à cette nouvelle conscience puis ressentent qu'elles ont l'envie ou la responsabilité d'élargir leur engagement dans un cadre plus collectif. Les forums intégraux qui se sont créés par exemple en Allemagne et en Suisse permettent d'approfondir le « chemin vers l'intérieur ».
Mais pour le moment, il n'existe aucun instrument politique proposant de nouvelles structures sociales inspirées de la vision intégrale. Nous reconnaissons donc que la mise en pratique de celle-ci concerne l'individu (sa vie privée, sa famille et son travail), puis s'étend aux domaines de l'éducation, la santé, l'habitat, l'urbanisation, les transports, l'économie, les finances, les entreprises, etc. Le développement de ces aspects sociétaux est du ressort de PI.
PI se définit comme l'aspect politique, comme une partie d'un large mouvement intégral. Elle regroupe les personnes qui veulent prendre des responsabilités d'agir de manière intégrale au-delà du cercle familial. Cette action vers l'extérieur stimulera en même temps la maturation intérieure des concernés.
A partir de cette réflexion sur le rôle d'un parti inspiré par une vision intégrale, les membres de Politique Intégrale propose un texte synthétique où sont définis les principes et les orientations qui définissent une politique intégrale
Que signifie une Politique Intégrale ? Politique Intégrale Suisse
Pour une conscience nouvelle et globale du monde. Pour un mode de vie empreint d'empathie. Pour une économie au service de la vie.
Une politique intégrale se fonde sur une vision de l'homme qui prend en compte de manière équivalente toutes les dimensions de l'Etre, physique, émotionnelle, rationnelle et spirituelle.
Une politique intégrale vise le bien-être de l'individu et de tous les êtres humains dans le respect de la biosphère.
Une politique intégrale s'engage en faveur d'un nouvel ordre économique, où la liberté de pensée et d'entreprise s'articule avec la justice sociale et la viabilité écologique.
Une politique intégrale embrasse les orientations politiques de la droite à la gauche pour autant qu'elles se mettent au service de la vie.
Une politique intégrale reconnaît la dimension spirituelle et intuitive comme donnant sens au quotidien de l'être humain.
Une politique intégrale signifie une attitude humaine respectueuse et ouverte, elle recherche des synergies entre les positions politiques contradictoires.
Une politique intégrale soutient un système d'éducation qui cultive les compétences émotionnelles et développe l'expression créative et artistique au même titre que les facultés physiques et intellectuelles.
Politique Intégrale se différencie, entre autres, des positions gauche-droite traditionnelles parce qu'elle ne vise pas à avoir raison en cherchant à imposer une position ou une perspective particulière qui serait seule valable, mais à chercher une vision la plus inclusive possible des choses. Cela exige authenticité et empathie. La question n'est pas: qui a raison? Mais: que devons-nous prendre en considération pour trouver des solutions intégrales, autrement dit qui tiennent compte de tous les aspects des problèmes à résoudre, le plus souvent fort complexes.
Vous êtes à votre place dans l'association Politique Intégrale …
… Si pour vous l'accumulation de biens matériels ne représente pas la chose la plus importante dans la vie.
… Si pour vous les besoins émotionnels et spirituels sont tout aussi importants que les besoins physiques et intellectuels.
… Si pour vous la femme et l'homme, les principes féminin et masculin, sont parfaitement équivalents dans la société.
… Si vous êtes convaincu/e que l'éducation, la disponibilité au changement et l'ouverture de la conscience contribuent à un monde meilleur.
… Si pour vous les vues communes au service de la vie sont au-dessus des opinions politiques divergentes.
…Si pour vous la conscience du lien fondamental entre tout ce qui est constitue une bonne base pour une politique visionnaire, respectueuse et durable.
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