mardi 2 février 2010

L'exposition "C'est la vie!" qui débute mercredi au musée Maillol à Paris.


AFP | 02.02.2010 | 13:35
http://www.24heures.ch/depeches/monde/vie-cranes-squelettes-donnent-rendez-vous-musee-maillol

Un crâne entier recouvert de mouches noires: c'est la surprise de dernière minute que l'artiste star britannique Damien Hirst a réservée à l'exposition "C'est la vie!" qui débute mercredi au musée Maillol à Paris.

Crânes et squelettes réinterprétés par de très grands artistes classiques, modernes et contemporains, se sont donné rendez-vous pour cette étonnante exposition sur les "Vanités de Caravage à Damien Hirst".

Célèbre notamment pour avoir réalisé un crâne en platine serti de 8.601 diamants -l'exposition en présente une photographie avec poussière de diamants-, Damien Hirst "nous avait promis une surprise", raconte à l'AFP Patrizia Nitti, nouvelle directrice artistique du musée.

"Nous pensions que c'était un gag. Mais l'oeuvre vient d'arriver et c'est une petite merveille. Même les dents sont en ailes de mouches", s'enthousiasme-t-elle.

L'exposition présente un autre crâne aux mouches de Hirst ("Fear of death") réalisé en 2007 mais le nouveau venu est "beaucoup plus beau car il est complet, avec sa mâchoire", relève-t-elle.

Mosaïque, peintures, sculptures, photographies, bijoux, objets: près de 160 pièces ont été réunies autour du thème des "vanités".

Au sens large, ce terme désigne les représentations de la dépouille humaine qui viennent rappeler à l'homme le caractère vain de son existence face à la mort inéluctable.

C'est le "memento mori" ("souviens-toi que tu vas mourir") des Romains, illustré dans l'exposition par une mosaïque du 1er siècle après Jésus-Christ. Elle rappelle que la mort met tout le monde au même niveau, le riche comme le pauvre.

Avec la religion chrétienne, fondée sur la croyance en la résurrection du Christ, les vanités s'épanouissent dans la peinture occidentale. Elles connaissent leur âge d'or au XVIIème siècle, après la Réforme protestante et la contre-réforme catholique. L'Espagnol Zurbaran dépeint un "Saint-François agenouillé" totalement absorbé dans la contemplation d'un crâne. Juste à côté, un Caravage sur le même thème souligne l'humilité et la souffrance de l'homme.

En Hollande, au XVIIème, se développe un genre spécifique de natures mortes -les fameuses Vanités-, qui donne à réfléchir sur le caractère illusoire des plaisirs, du pouvoir et du savoir. Dans ces allégories, à côté de l'indispensable crâne, figurent souvent une bougie qui se consume, un sablier qui s'écoule, une fleur qui va faner.

Au XXème siècle, avec les guerres, les totalitarismes et la Shoah, les représentations de la mort dans l'art reviennent sur le devant de la scène. En 1933, l'Allemand Erwin Blumenfeld réalise un photomontage prémonitoire où il superpose en transparence le visage d'Adolf Hitler et une tête de mort.

Dans les années 1970, l'idée de la mort perd toute trace de sacré. Andy Warhol réalise des vanités froides et acidulées. Puis viennent les années Sida. Peu avant de disparaître, Robert Mapplethorpe livre en 1988 un saisissant autoportrait avec une canne au pommeau à tête de mort.

Avec les années 2000, la représentation de la mort se banalise. Le crâne et le squelette envahissent le prêt-à-porter, les bijoux et même les jouets.

"Il y a toute une génération de jeunes artistes qui s'intéresse beaucoup à la mort car notre société occulte celle-ci", considère Patrizia Nitti.

Pour elle, "l'exposition n'est pas triste du tout". "C'est une façon d'apprivoiser la mort", souligne-t-elle.

("C'est la vie! Vanités du Caravage à Damien Hirst". Du 3 février au 28 juin. Musée Maillol.

Catalogue chez Skira Flammarion. 240 pages. 185 illustrations couleur)







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