vendredi 20 mars 2009

Fraises espagnoles/ scandale écologique


Fraises espagnoles/ scandale écologique  

 

   

  Très instructif !  

             

D'ici à la mi‐juin, la France aura importé  
d'Espagne plus de 83 000 tonnes de fraises.  
Enfin, si on peut appeler «fraises» ces gros  
trucs rouges, encore verts près de la queue  
car cueillis avant d'être mûrs, et ressemblant  
à des tomates. Avec d'ailleurs à peu près le goût des tomates...  

  

> > Si le seul problème posé par ces fruits était leur fadeur, après tout, seuls les  
consommateurs piégés pourraient se plaindre d'avoir acheté un produit qui se brade  
actuellement entre deux et trois euros le kilo sur les marchés et dans les grandes surfaces,  
après avoir parcouru 1 500 km en camion. À dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 16  
000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz  
d'échappement. Car la quasi‐totalité de ces fruits poussent dans le sud de l'Andalousie, sur  
les limites du parc national de Doñana, près du delta du Guadalquivir, l'une des plus  
fabuleuses réserves d'oiseaux migrateurs et nicheurs d'Europe.   
Il aura fallu qu'une équipe d'enquêteurs du WWF‐France s'intéresse à la marée montante  
de cette fraise hors saison pour que  soit révélée l'aberration écologique de cette  
production qui étouffe la fraise française (dont une partie, d'ailleurs, ne pousse pas dans  
de meilleures conditions écologiques). Ce qu'ont découvert les envoyés spéciaux du WWF,  
et que confirment les écologistes espagnols, illustre la mondialisation bon marché.   
Cette agriculture couvre près de six mille hectares, dont une bonne centaine empiète déjà  
en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60% de ces cultures  
seulement sont autorisées; les autres sont des extensions «sauvages» sur lesquelles le  
pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes.  

  

> > Les fraisiers destinés à cette production, bien qu'il s'agisse d'une plante vivace  
productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors  
saison, les plants produits in  vitro sont placés en plein été dans des frigos qui simulent  
l'hiver, pour avancer leur production. À l'automne, la terre sableuse est nettoyée et  
stérilisée, et la microfaune détruite avec du bromure de méthyl et  de la chloropicrine. Le  
premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la  
couche d'ozone, signé en 1987 (dernier délai en 2005); le second, composé de chlore et  
d'ammoniaque, est aussi un poison dangereux: il bloque les alvéoles pulmonaires.  
  
> > Qui s'en soucie? La plupart des producteurs de fraises andalouses  emploient une main‐ 
d'oeuvre marocaine, des saisonniers ou des sans‐papiers sous‐payés et logés dans des  
conditions précaires, qui se réchauffent le soir en brûlant les résidus des serres en  
plastique recouvrant les fraisiers au coeur de l'hiver.   
> > ... Un écologiste de la région raconte l'explosion de maladies pulmonaires et 
d'affections de la peau.  
  

  

  

> > Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une  
irrigation qui transporte des engrais, des pesticides et des  
fongicides. Les cultures sont alimentées en eau par des forages  
dont la moitié ont été installés de façon illégale. Ce qui transforme  
en savane sèche une partie de cette région d'Andalousie, entraîne  
l'exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx  
pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu'une trentaine dans  
la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de  
disparition. Comme la forêt, dont 2 000 hectares ont été rasés pour faire place aux fraisiers.  
> >   
> > La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de plastique sont  
soit emportées par le vent, soit enfouies n'importe où, soit brûlées sur place.    
> > ... Et les ouvriers agricoles  sont priés de retourner chez eux ou de s'exiler ailleurs en  
Espagne. Remarquez: ils ont le droit de se faire soigner à leurs frais au cas ou les produits  
nocifs qu'ils ont respiré ...   
> > La production et l'exportation de la fraise espagnole,  
l'essentiel étant vendu dès avant la fin de l'hiver et jusqu'en  
avril, représente ce qu'il y a de moins durable comme  
agriculture, et bouleverse ce qui demeure dans l'esprit du  
public comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et  
la production trop onéreuse, elle sera transférée au Maroc, où les industriels espagnols de  
la fraise commencent à s'installer. Avant de venir de Chine, d'où sont déjà importées des  
pommes  encore plus traitées que les pommes françaises...   
PAR Claude‐Marie Vadrot   
> > Politis jeudi 12 avril 2007  

  

> > NB       N'hésitez pas à faire connaître ceci à vos amies et amis...  

   

   

 

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